Cinq ans après l'aventure The Rise, Julien Lourau revient au quartette acoustique en compagnie de Laurent Coq, co-leader du projet, ainsi que de Vincent Artaud et du batteur new-yorkais Otis Brown. Un répertoire neuf où Lourau et Coq se partagent les compositions. On retiendra la superbe ballade Angels et l'inspiré Saigon de Julien Lourau, ainsi que le renversant Cinque Cento de Laurent Coq. Une musique habitée, interprétée avec fougue et passion. Lourau alterne ténor et soprano avec la même frénésie, Laurent Coq distille sur le clavier son jeu plein de finesse et de poésie, Vincent Artaud conjugue précision rythmique et économie de moyen tandis que Otis Brown est omniprésent , toujours prêt à rebondir, à multiplier les variations rythmiques et enrichir le discours musical, arrivant à faire swinguer les ballades ! En rappel, un hommage à la star de la Villette : Wayne Shorter, avec une très belle version de Speak No Evil. Un quartette qui n'a pas encore complètement trouvé ses marques, encore vert, mais déjà pétillant. Encore deux concerts à la Villette pour juger sur place, ce vendredi à 20h et samedi à 16h.

Alors qu’il vient de publier un album en solo (chroniqué dans le Jazzman de ce mois-ci), Steve Coleman présente à « Jazz à la Villette » plusieurs projets ne comprenant pas de rythmique : une petite révolution pour un artiste chez qui la métrique et les « tourneries » ont toujours tenu une place prépondérante. Cet après-midi à la Cité de la Musique, on a ainsi pu l’entendre dans une formule très dépouillée, en duo avec Ravi Coltrane au sax ténor. Quel contraste avec le bruit et la fureur dégagés mercredi dernier par Peter Brötzmann et Matt Gustafsson à la Grande Halle ! Là, tout n’était que rigueur et précision, les deux musiciens jouant une musique très écrite faite de savants contrepoints et de rythmes complexes (car l’absence de batterie ne signifie évidemment pas l’absence de tempo !). Si le début du concert, marqué par une certaine retenue, a pu paraître un rien scolaire, les choses se sont décantées par la suite, le duo laissant libre cours à une énergie plus franche, quoique très contrôlée. Au total, une première expérience fort réussie, qui nous rend d’autant plus impatient de découvrir le sextette de saxophones qui se produira demain soir sous le nom d’« Aquarius Ingress ».