30/07/09 Fano Jazz by the Sea (4)

©Rossetti
Les chemins qui mènent au jazz sont insoupçonnés tant les dessins de la déesse musique sont impénétrables. Un enfant qui danse le joropo ou un joueur de harpe folklorique en Colombie ne se prévoit pas forcément jazzman. Mais la migration, de Bogota à New York, a mis le jeune harpiste Edmar Castaneda sur le chemin improvisé qui mène du pajarillo au jazz ; et d’un restaurant typique de barrio latino aux concerts avec Paquito D’Rivera et John Scofield, d’un style fusion joropo-jazz aux compositions plus sophistiquées, de son groupe (avec le concours de la chanteuse colombienne Andrea Tierra) à ses premières tournées européennes. D’abord en Italie, à Umbria Jazz, puis à Fano.
Impressionnant de maîtrise et d’imagination, débordant de sympathie et bourré de talent, Castaneda conquit d’emblée public, critiques… et musiciens d’autres formations ! Une harpe dans le jazz, on pensait indéfectiblement (sur un autre registre) à Zeena Parkins. Désormais, on pensera aussi à Edmar Castaneda.

©Rossetti
Après le colombien ce fut le tour du tunisien Dhafer Youssef, oudiste installé en Europe depuis une dizaine d’années (Vienne puis Paris), qui multiplie rencontres et projets au fil des saisons. Amplement connu en Italie par son association avec Paolo Fresu (duo, puis trio avec Nguyên Lê, ou avec Eivind Aarset), il présenta à Fano un nouveau quartet, avec le batteur Mark Giuliana, Marcin Wasilewski (remplaçant Tigran Hamayan) au piano et Chris Jennings à la contrebasse.
Un nouveau virage vers un traitement acoustique du son. Dans une dynamique où le rythme devient primordial, le jeu de Dhafer se fait plus véloce et métallique, avec des accents funky et un esprit proche du rock. La forte interaction et compréhension intuitive avec Giuliana poussèrent le oud du tunisien vers un terrain d’intensité inhabituel, réservant les interludes vocaux (d’une beauté plus marquée) à des séquences en duo avec le piano. Un jeu de contrastes qui met en relief davantage les qualités vocales et instrumentales de Dhafer Youssef.
Francisco Cruz
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Alex Dutilh
29/07/09 Mort de George Russell

Le compositeur George Russell, pionnier du jazz modal, est mort lundi à Boston, à 86 ans, des suites de la maladie d'Alzheimer.
Il avait débuté sa carrière à la batterie dans l'orchestre de Benny Carter, mais c'est en tant que compositeur - et théoricien du Lydian Concept en 1953 - qu'il se fit d'abord connaitre, en signant en 1947 le fameux Cubana Be / Cubana Bop popularisé par Dizzy Gillespie. Leader et arrangeur d'ensembles innovants et ambitieux, George Russell a magnifiquement exploité la forme concertante pour mettre en valeur des solistes du calibre de Bill Evans, Eric Dolphy ou Jan Garbarek.
Après un séjour de cinq ans en Scandinavie, il se réinstalla aux États-Unis en 1969 et devint un pédagogue exceptionnel au New England Conservatory de Boston, où il avait co-fondé le Jazz Department avec Gunther Schuller. Et c'est sur Label Bleu, en France, qu'il signa ses œuvres significatives des vingt dernières années.
On doit notamment à George Russell l'une des plus sublimes versions qui soient de 'Round Midnight (avec Eric Dolphy en soliste dans "Ezz-thetics" de 1961) et un fascinant "concerto pour la main gauche" (Concerto for Billy the Kid) écrit pour Bill Evans dans la suite "New York New York" de 1959.
Une heure de George Russell ce mercredi soir sur France Musique dans Jazz Été, de 23h à minuit. Écoute différée possible pendant une semaine.
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Alex Dutilh
28/07/09 Fano Jazz by the Sea (3)
Le groove indo-africain

rossetti
Lui n’est pas une surprise. Depuis vingt-cinq ans qu’il sillonne l’Europe et le reste du monde, le percussionniste indien Trilok Gurtu est une figure reconnaissable entre mille par son groove imparable et l’énergie communicative de sa musique. L’Italie fut la première escale occidentale pour le natif de Bombay et, depuis, le public transalpin lui offre le plus fervent des accueils. On l’a constaté dans divers festivals italiens et Fano ne fut pas une exception. Ovation et double rappel pour Gurtu qui présenta son dernier projet –Massical- en compagnie de sa nouvelle formation. Image concrète de sa vision planétaire de la musique, Trilok y convoqua le souffleur australien Phil Drummy, le violoniste italien Carlo Cantini, le bassiste réunionnais Johann Berby, le guitariste hispano-germanique Roland Cabezas ; tous conquis par l’époustouflante maîtrise rythmique du leader et très concentrés pour répondre à ses surprenantes variations.

Le concert fut un trip qui renvoya alternativement aux projets précédents, de Living Magic à African Fantasy, et aux diverses formations que Trilok a fréquenté en compagnie de McLaughlin, Zawinul ou Nana Vasconcelos. Certes, Drummy évoqua Garbarek, et Cabezas les cordes rythmiques de John (et les vocales de Jayadevah), mais le mélange instrumental trouva sur scène un bel équilibre et, malgré certaines ritournelles excessives, Trilok réussit à transmettre aisément sa bonne humeur et sa décontraction festive. Pour clore ces retrouvailles italiennes, ce soir à la Marina dei Cesari la bande et le public communiaient chantant et dansant sur un ancien morceau que Trilok jouait jadis avec le groupe Oregon. Et on les voyait vraiment heureux d’y participer.
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Francisco Cruz
27/07/09 Fano Jazz by the Sea (2)
Charme brésilien sous le signe de Jobim
©rossetti
Les couleurs d’un couché de soleil en fond d’écran et une scène montée sur la mer, le cadre a quelque chose de carioca me susurra-t-elle, le cœur empli de saudade... Des nombreuses all stars brésiliens qui circulent dans les circuits festivaliers, celle qui réunit cet été la chanteuse Maucha Adnet, son batteur de mari Duduka da Fonseca, le guitariste Toninho Horta et le pianiste Helio Alvez, est l’une des plus convaincantes. Jouer Jobim est un privilège, un bonheur, certes, mais aussi un gage qui intéresse davantage les programmateurs européens, et le projet de Fonseca et Horta en bénéficia lors de la tournée qui s’achève à Fano. Ouverture du concert avec Chega de Saudade et clôture ondulante sur Aguas de Março, la boucle paraissait parfaite, et pourtant. Heureusement, le répertoire fut enrichi avec des compositions de Chico Buarque, de Milton Nascimento et, surtout, de Horta, excellent compositeur et musicien admiré par ses pairs (Metheny, Towner), déjà à l’origine du Clube da Esquina, à Minas Gerais, qui a largement contribué à la renommé de Milton.

©rossetti
Jouant de son expérience aux côtés de Jobim, Maucha donna une interprétation très personnelle aux diverses compositions, tant ses modulations et les changements de tonalité sont étroitement liés à son charme vocal et à sa sensualité toute naturelle. Elle se montra très à l’aise avec le soutien rythmique de Duduka et du pianiste Alvez, un musicien de grand talent presque trop discret mais époustouflant de maîtrise dans l’univers de la bossa nova. Ce projet brésilien, qui pouvait tourner en circuit fermé s’ouvre davantage au jazz avec la participation du saxophoniste Dick Oatts, très inspiré par les harmonies de Jobim, et le bassiste Eddie Gomez qui apporte sa prolifique expérience avec générosité et admirable humilité. Cet all stars, loin d’être une réunion de circonstance, se révéla comme une famille qui se respecte et s’admire sans faux-semblants. La musique en gagne.
Le jazz italien gagne aussi une jeune saxophoniste extrêmement talentueuse nommée Carla Marciano. Fortement inspirée de l’univers coltranien, Carla fait office d’exception culturelle en Italie, où les femmes instrumentistes ne sont pas nombreuses dans le jazz. A son inspiration et à sa technique de haut niveau, la saxwoman ajoute une force d’interprétation hors du commun qui contraste avec sa fragilité apparente et enthousiasma le public qui la redemanda tard dans la nuit, bien au-delà du programma initial (tiré de ses trois albums). Encore une belle surprise.
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Francisco Cruz
26/07/09 Bourses franco-américaines

Good news ! Les échanges initiés il y a quatre ans par les services culturels new-yorkais de l'Ambassade de France aux États-Unis et la Doris Duke Foundation viennent d'être reconduits pour une période de trois ans.
Sous le nom de FAJE (French American Jazz Exchanges), ils ont jusqu'ici permis à une dizaine de projets par an de se réaliser. La liste des lauréats précédents est explicite…
Il s'agit de bourses permettant à des musiciens américains américains d'inviter des jazzmen français (ou réciproquement) sur un projet concernant les deux côtés de l'Atlantique (que ce soit pour une série de concerts ou pour un enregistrement ou couplant les deux volets).
La prochaine date de limite de dépôt des dossiers est fixée au 23 octobre 2009 pour des projets dont la réalisation est prévue entre le janvier et août 2010.
Contact : Emmanuel.MORLET@diplomatie.gouv.fr
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Alex Dutilh
Fano Jazz by the Sea (1)

rosetti
Tard le soir, au port de Fano, c’est la première et heureuse surprise du festival : le jeune pianiste étasunien Marc Cary et son Focus trio. Originaire de Washington, il présenta un programme fait de compositions personnelles et des reprises d’Abbey Lincoln et d’Hancock, séduisant le public par un jeu fort volubile et une aisance scénique très communicative. Musicien à suivre de près. Quelques heures auparavant, le maestro de latin jazz Eddie Palmieri fit honneur à ses ancêtres florentins, offrant une prestation de grande qualité en compagnie de sa nouvelle Afro-Caribbean Jazz All Stars. Un combo très équilibré, balançant entre l’expérience du trompettiste Brian Lynch et la fougue juvénile du saxophoniste cubain Yosvany Terry. Économe au piano, Palmieri dirigea débout en jouant davantage sur un clavier électrique, dans une ambiance de totale décontraction, échangeant sourires et blagues avec ses complices. Sans dissimuler la satisfaction de pouvoir compter sur la trilogie rythmique Curtis (bass)-Clausell (timbales)-Rivero (congas) qui fonctionne comme un horloge swinguant à volonté et qui entraîna le public à marquer la clave sans aucune difficulté (et avec souplesse !).

rosetti
La versatilité de Terry, dont le discours atteint une riche maturité, après son passage chez Rubalcaba (foncièrement lyrique aux saxophones et exultant de maîtrise polyrythmique avec le chekere), fut l’un des aspects les plus remarqués d’une prestation sans faille. Pour l’ouverture de sa tournée européenne, et avant Paris (New Morning, le 27) et Sète (Fiest’à , le 2 aoüt), le combo de Palmieri fut dans un registre jazz aussi « parfait » que son ancienne orchestre de salsa (La Perfecta).
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Francisco Cruz
23/07/09 Tristes tropiques

Fiers d'avoir publié l'interview d'Édouard Glissant dans le dernier numéro de Jazzman… Mais tristes d'apprendre la disparition hier mercredi 22 juillet, après une longue maladie, du pianiste martiniquais Claude Sommier. Il avait 57 ans. Même pensée sur les racines et leur épanouissement en direction du monde. L'un avec ses mots, l'autre entre les notes.
Au-delà d'un talent de pianiste d'une profonde sensibilité, Claude Sommier était un compositeur amoureux de la mélodie. Il fit œuvre de pionnier en montant le groupe Djoa en un temps - 1985 - où sa synthèse des racines caribéennes et du langage du jazz (il adulait Monk et McCoy Tyner) ouvrit des portes. Ces dernières années, il avait écrit de magnifiques mélodies pour sa compagne, la chanteuse Tangora. Mario Canonge et Alain Jean-Marie ont perdu un frère. Jazzman aussi.
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Alex Dutilh
22/07/09 Neal Caine, contrebassite

Victor Atkins (piano), Neal Caine (contrebasse), Wess Anderson (sax alto), Stephen Riley (sax tenor) et Jason Marsalis (drums). Snug Harbor, New Orleans, Louisiana, 19 juillet 2009. @ Anne Legrand

À La Nouvelle-Orléans, Neal Caine a présenté son Quintette au Snug Harbor ce 19 juillet avec le batteur Jason Marsalis et, ce mardi 21 avec le batteur Herlin Riley, au nouveau club de jazz du trompettiste Irvin Mayfield, dans le Royal Sonesta Hotel, dans Bourbon Street. Ce jeune et talentueux contrebassiste ayant joué avec quelques grands noms du jazz comme Elvin Jones, Betty Carter, Diana Krall, ou encore Wynton Marsalis, se produit notamment avec l'orchestre d'Harry Connick Jr. Entouré également de Wess Anderson (sax alto), Stephen Riley (tenor sax) et Victor Atkins, le contrebassiste a interprété ses merveilleuses compositions qu'il a enregistrées en 2005 pour le label new yorkais, Small Records. Neal Caine est assurément à un artiste à suivre en leader comme en sideman.
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Anne Legrand
18/07/09 Les Instants en danger

Les légendaires Instants Chavirés de Montreuil, hauts lieux des musiques alternatives, sont fragilisés par une baisse des subventions. Leur communiqué est tristement éclairant d'une situation d'abandon programmé de la part du Conseil Général de Seine-Saint-Denis et d'un retrait progressif de la Ville de Montreuil. Une réaction massive du public et des professionnels peut envoyer un signe fort à des décideurs pas forcément correctement informés de l'importance d'un lieu culturel de ce type. Pour soutenir les Instants, une pétition est en ligne. Ayant forgé là quelques-uns de mes goûts musicaux, je signe personnellement des deux mains !
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Alex Dutilh
16/07/09 Pat Metheny sous les pommiers

Événement ! La prochaine tournée mondiale de Pat Metheny débutera à Coutances, en janvier 2010. Le guitariste a en effet choisi Coutances (et Jazz sous les pommiers) pour peaufiner et démarrer la tournée mondiale de son nouveau projet "The Orchestrion Tour" (guitare solo et orchestre électronique).

Il sera en résidence au Théâtre de Coutances du 27 au 31 janvier 2010 et donnera deux concerts, les samedi 30 et dimanche 31. Pat Metheny présentera de nouveaux morceaux et des compositions inédites, tirées de l’album à paraître prochainement.
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Alex Dutilh
Encore des places de concert à gagner

Le Duc des Lombards et Jazzman vous offrent 8 places pour chacun des deux concerts suivants :
le 20/07 à 22h: Sylvia Howard 4tet (jazz vocal)
le 27/07 à 21h : Oscar Marchioni 5tet (boogaloo jazz) avec José Caparros (tp), Jean-Michel Proust (ts), « Jumpin’ » Jeff Hoffman (g), Oscar Marchioni (org) et Michel Denis (dms).
Pour gagner ces places il vous suffit de répondre ainsi : envoyez un email en cliquant ici. Attention ! Seules 8 places seront délivrées par concert ! Si vous êtes l'heureux(se) gagnant(e), vous serez prévenu(e) par retour d'email. Dépêchez-vous, ce genre de swing n'attend pas ! N'oubliez pas de préciser prioritairement le concert qui vous intéresse, nous vous satisferons dans la mesure du possible.
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Jazzman
13/07/09 Porquerolles 2: Randy Weston

Photo: Samuel Thiebaut
Dès le premières notes du piano, avant même l'entrée de la rythmique, la pulsation est là, sous le toucher percussif de Randy Weston, les doigts parallèle aux touches, droits comme des mailloches. L'Afrique est partout dans cette musique: dans les titres des morceaux (African Sunrise, African Lady...), dans les percussions de Neil Clarke, dans les riffs obsessionnels de la basse... Mais au-delà et à travers elle, c'est aussi toute l'histoire de la musique noire américaine qui est ici revisitée. L'ombre de Thelonious Monk et de ses ancêtres stride plane toujours sur le jeu du pianiste, qui affectionne les silences abrupts et les brusques écarts de tessiture. Les furieux solos du conterbassiste Alex Blake, slappant ou grattant son instrument à la manière d'une guitare, évoquent le gembri des gnawa marrocain, mais aussi l'héritage de Jimmy Garrison, et jusqu'au funk le plus contemporain.
L'héritage afro-cubain est présent lui aussi, avec un hommage appuyé à Dizzy et Machito. Un chant incantatoire conclut ce voyage, repris en coeur par le public tout entier. En sortant de scène, Randy retrouva en coulisse un autre géant du jazz, Archie Shepp (photo), qui se produira demain au sein d'un quartet inédit avec Joachim Kühn (p), Diego Imbert (b) et Ramon Lopez (dms).
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Pascal Rozat
Porquerolles 2: Jef Sicard

Photo: Josselin Carré
Il n'y a guère que sur une île que l'on puisse entendre deux soirs de suite des artistes s'exprimant en soufflant dans des coquillages. Après Stéphane Belmondo avant-hier, qui troqua à plusieurs reprises sa trompette pour une conque dont le timbre se mariait admirablement à la flûte traversière de son frère, ce fut au tour de Jef Sicard de donner hier soir au public de Porquerolles une leçon de musique marine, lors d'une mémorable prestation solo. Ces magnifiques instruments naturels ayant une tessiture limitée, Jef en utilise tout un attirail au sein du même morceau, passant des plus gros pour les graves aux plus minuscules pour les aigus. Par la magie des boucles électroniques, il donne ainsi naissance à une étrange danse à la fois envoûtante et tribale, touchante et naïve. Mais c'est finalement au saxophone alto qu'il s'exprima le plus longuement, au cours d'une intervention qui évoquait tant Anthony Braxton que Steve Coleman. Un thème de Randy Weston pour terminer, et Jef passa la main au pianiste afro-américain qui était l'invité de marque de cette soirée.
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Pascal Rozat
15 juillet : direct vidéo de Porquerolles

Avis aux quelque six milliards de terriens qui n'ont pas la chance de se trouver présentement sur l'île de Porquerolles: la direction du festival pense à vous et vous propose de revivre la manifestation à distance, grâce à une vidéo quotidienne mise en ligne sur Arte Live Web, le nouveau site dédié au spectacle vivant de la chaîne franco-allemande. Vous pouvez d'ores et déjà y découvrir un premier clip retraçant le passage des frères Belmondo (essayez la fonction plein écran, vous verrez que la définition est excellente). Mais surtout, ne ratez pas le concert du Brass Ecstasy de Dave Douglas, qui sera retransmis intégralement et en direct mercredi 15 juillet à 21h. Ce soir-là, il ne vous manquera plus que la brise marine pour vous croire véritablement au festival...
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Pascal Rozat
12/07/09 Porquerolles 1: les frères Belmondo

Photo: Olivier Baus
Il y a mille bonnes raisons de venir à Porquerolles : le climat méditerranéen, les paysages enchanteurs et préservés du Parc national, la mer limpide, sans oublier le vin du cru (à consommer avec modération, cela va sans dire). Ajoutez-y le festival de jazz qui s'y tient jusqu'au 16 juillet, et l'île varoise devient véritablement la "section terrestre du paradis", comme aimait à le dire Simenon. Dans le cadre majestueux et pourtant intimiste du fort Saint-Agathe, cette manifestation présidée depuis 2002 par Frank Cassenti reçoit chaque année des musiciens venus du monde entier. Hier, pourtant, la scène accueillait deux régionaux de l'étape : les frères Belmondo, natifs de Hyères. Un retour au bercail, donc, à la tête d'un quintet parfaitement rôdé : Laurent Fickelson (piano), Thomas Bramerie (impérial à la contrebasse) et Olivier Robin (batterie, en remplacement du Dré Pallemaerts originellement annoncé). Cinq musiciens qui ont su conquérir le public avec leur jazz modal explosif, nourri à la sève des sixties. Les Belmondo n'ont peut-être pas inventé la poudre, mais en bons artificiers du swing, il savent faire jaillir des étincelles à chacune de leurs prestations, tout en laissant un large espace d'expression à leur partenaires, appelés chacun leur tour à déployer leur talent dans un solo intégral.
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Pascal Rozat
10/07/09 Places de concert à gagner !


Le Duc des Lombards et Jazzman vous offrent 8 places pour chacun des trois concerts suivants :

Le 15/07 à 22h : Michel SARDABY Trio
Michel SARDABY (p), Wayne DOCKERY (b), John BESTCH (dms)
Pianiste remarqué dès les années 50, on le retrouve comme leader ou accompagnateur aux côtés de Kenny Clarke, Dexter Gordon, Dizzy Gillespie, Bill Coleman, Johnny Griffin, Clark Terry, Dee Dee Bridgewater, Art Farmer, Philly Joe Jones…Celui qui a participé à rendre le jazz légendaire a à cœur de le rendre plus que jamais populaire. Venez en être les témoins !

Le 20/07 à 22h: Sylvia HOWARD 4tet (Vocal Jazz)
Belle, envoûtante, émouvante, nourrie très tôt de blues et de gospel, Sylvia
Howard célèbre les grandes figures du jazz vocal (plus particulièrement
Billie Holiday, Shirley Horn, Carmen McRae, Sarah Vaughan ou Dinah
Washington), à travers le prisme de son humour et de sa vitalité. Un
envoûtement !

27/07 à 21h : Oscar MARCHIONI 5tet (Boogaloo Jazz)
José CAPARROS (tp), Jean-Michel PROUST (ts), « Jumpin’ » Jeff HOFFMAN (g),
Oscar MARCHIONI (org), Michel DENIS (dms)
Au cœur des années 60, le Boogaloo a relancé la machine à succès du label
Blue Note. Musique de la joie, du plaisir partagé, de la danse, marquée par
le son de l’orgue Hammond B3, ces disques sont parmi les plus samplés des
générations actuelles. Il est temps de les réactualiser sur scène.

Pour gagner ces places il vous suffit de répondre ainsi : envoyez un email en cliquant ici Attention ! Seules 8 places seront délivrées par concert ! Si vous êtes l'heureux(se) gagnant(e), vous serez prévenu(e) par retour d'email. Dépêchez-vous, ce genre de swing n'attend pas ! N'oubliez pas de préciser prioritairement le concert qui vous intéresse, nous vous satisferons dans la mesure du possible.
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Jazzman
Les Victoires du public

Pour la première fois, les Victoires du jazz, manifestation oh combien nécessaire dans le désert télévisuel hexagonal (si l'on excepte la chaine Mezzo et des incursions dans le One Shot Not de Manu Katché sur Arte), organisent un "Prix du public".
Comment ça marche ? Par un vote sur Internet (cliquez simplement sur ce lien) ouvert du mercredi 8 juillet au dimanche 9 août à minuit. Pendant plus d’un mois, les internautes sont invités à découvrir les nommés des Victoires du Jazz 2009 (texte, photo et un extrait audio en streaming) sur le site internet des Victoires de la Musique et à en choisir un parmi la liste des nommés – après avoir complètement rempli le formulaire d’inscription tout en acceptant les conditions. Sera déclaré lauréat du « Prix du Public » l’artiste qui aura recueilli le plus de voix. La fameuse sagesse populaire est entre vos mains…
L'enregistrement de la cérémonie aura lieu le mardi 1er septembre à la Cité de la musique à Paris, dans le cadre du festival Jazz à la Villette. Présentation par Sébastien Vidal et Isabelle Giordano (photo). Diffusion le vendredi 4 septembre sur France 3 (très tard, faut pas rêver) et dimanche 6 septembre sur France Inter.
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Alex Dutilh
07/07/09 Montréal 7/7 : 3+3=5

22H, Théâtre Maisonneuve. Troisième volet des aventures montréalaises de Joshua Redman. "Compass" sur scène. Autrement dit le double trio avec Larry Grenadier et Reuben Rogers (b), Brian Blade et Greg Hutchinson (dms). Toutes les combinaisons possibles, un esprit de camaraderie constant, chacun encourageant les autres s'il sortait de scène pour un titre. Lorsque juste avant les rappels Joshua annonça une relecture du Time Of The Barracuda de Gil Evans dans l'album "The Individualism", pour le solo qu'y prend Wayne Shorter, on craint de revivre le coup de "Kind of Blue". C'est l'inverse qui se produisit : une implacable modernité transcendant la révérence. Résultant d'un vrai point de vue, d'une distance amoureuse : deux batteurs pour évoquer le seul Elvin Jones, deux bassistes parce qu'ils sont six à être présents sur l'album… Joshua, qui alterna superbement soprano et ténor, réalisait là le clou de sa série montréalaise.
Un concert enthousiaste, des idées à foison, une maitrise instrumentale impressionante et deux véritables dream teams pour la rythmique. La texture du son global était d'une densité toujours en mouvement, grondante, bruissante, précise, délicate quand il le fallait, tumultueuse à d'autres instants. Joshua là dessus comme un étalon chevauchant l'écume des vagues.
Parfait point d'orgue pour mon dernier concert de la 30ème édition du festival. À bientôt pour de nouvelles aventures.
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Alex Dutilh
Montréal 7/7 : Anat et les garçons

©Todd Chalfant
21H à l'Astral (300 places), le nouveau club, installé au rez-de-chaussée de la Maison du Festival. Après son coup d'éclat de l'an passé, Anat Cohen, la jeune clarinettiste israélienne installée à New York revient avec un nouveau quartet : Gilad Hekselman (g), Joe Martin (b) et le fidèle Daniel Freedman (dms). Et cette fois, oublié le sax ténor, clarinette toute ! Une approche de l'instrument loin des pratiques européennes. On pense à la fluidité de Buddy DeFranco, à l'originalité de Don Byron, à quelques accents de Dave Tarras, un son venu des jeunes années classiques. Mais par dessus tout, on a affaire à un phrasé résolument original, imprévisible, parfaitement en place, ignorant les codes de bonne conduite du jazz pour se lâcher avec beaucoup d'intuition dans le flux collectif.
Ouverture sur Jitterburg Waltz, clôture sur le choro One Zero. Entre temps, des compositions des récents albums, un Body and Soul insolite et gonflé, joliment gai et un original du jeune guitariste israélien récemment installé à NYC (The Bucket Kicker) prévu pour un album à venir. Frais, personnel, parfois encore vert, mais tellement vivant, vibrant souvent, que l'on se rassurait illico sur les lendemains du jazz. Après la musique en conserve périmée du remake de "Kind of Blue", ça nettoyait les oreilles. Et le cerveau.
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Alex Dutilh
Montréal 7/7 : Kind of Crap

20H, Théâtre Jean-Duceppe. Dans la série d'hommage à Miles Davis, le batteur Jimmy Cobb (photo), seul survivant des séances de l'album culte, présentait un "Remembering Kind of Blue". Dans le rôle de Miles, Wallace Roney (tp) ; dans ceux de Coltrane et Cannonball, Javon Jackson (ts) et Vincent Herring (as) ; dans celui de Bill Evans ou Wynton Kelly, Larry Willis (p) et dans celui de Paul Chambers, John Webber (b). Le résultat ? Pitoyable. Probablement perdu d'avance à partir du moment où il s'agissait de rejouer les morceaux de l'album dans le même ordre et avec les arrangements d'époque. La comparaison est terrible pour les saxophonistes, même pour Wallace Roney, à la ramasse pour Blue in Green. Seul Larry Willis s'en sort car prenant le parti d'oublier les pianistes d'il y a 50 ans.
Au final, l'impression très désagréable qu'on vous a cassé votre jouet, qu'on a manipulé votre mémoire affective pour vous faire avaler une pilule avec du vinaigre. Miles qui ne regardait jamais en arrière a dû hurler de sa voix cassée là où il se trouve…
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Alex Dutilh
06/07/09 Montréal 6/7 : arrivé cinquième

21H30, Théâtre Maisonneuve. Plein de saxophonistes dnas la salle. Branford Marsalis vient présenter le répertoire de "Metamorphosen", avec Joey Calderazzo (p) et Eric Revis (b), mais sans Jeff "Tain"Watts, remplacé par un gamin embauché depuis 2 mois, Justin Faulkner (dms). Déçus ? Oui, mais pas par le jeune batteur, qui sauva le concert d'un ennui poli. Par l'absence de fièvre de Branford ce jour-là. En sortant du "match" Joshua-Lovano et de la prestation de David Sanchez, le constat s'imposait. Rien à redire sur le niveau de jeu, mais sur la qualité d'implication. Il fallut une ballade où Branford prit le soprano sur une composition du pianiste pour qu'il commence à livrer un peu d'émotion. Dans un festival comme Montréal, bien jouer ne suffit pas, c'est le service minimum. La différence se fait sur la manière de défaire la ceinture de se jeter dans la musique et de raconter une histoire. Question de générosité.
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Alex Dutilh
Montréal 6/7 : le ténor de Werner

©Denis Alix
20H, Théâtre Jean-Duceppe. Le concert dont il ne fallait pas partir, quitte à rater le trio du très prometteur Gerald Clayton (ce fut mon cas). Kenny Werner présentait son 5tet de luxe : Randy Brecker (tp), David Sanchez (ts), Scott Colley (b) et Antonio Sanchez (dms). Sérieux clients, même si le trompettiste fut assez inégal. Entame avec une paire de compositions extraites de "Lawn Chair Society". Alambiquées, le nez dans les partitions : on se dit que c'est mal barré, encore un coup à épater les collègues. C'est alors que le concert bascule : une longue introduction en piano solo à Unvovered Heart. Kenny totalement à nu. Une mélodie d'une beauté poignante. Comme si le pianiste confiait une tragédie personnelle et jouait pour sublimer un chagrin inconsolable. Le quintet le rejoint sur la pointe des pieds, David Sanchez se hausse au diapason, un son de ténor d'une infinie douceur, modelé, précis, l'envers de l'esbroufe. Sur le Balloons qui suit, il se montrera plus véhément, maginifiquement poussé dans ses retranchements par la finesse du drumming de son homonyme et le drive de Scott Colley. Le concert n'allait plus quitter cette hauteur et un fonctionnement télépathique entre les musiciens. On en sortait à reculons, conscient d'une musique "vraie", habitée, mise à nu.
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Alex Dutilh
Montréal 6/7 : troisième ténor

19H, Salle Wilfrid-Pelletier. Molly Johnson pour chauffer la salle, venue en voisine de Toronto, jouant la proximité sympathique, sans direction artistique évidente et avec une formation plan-plan.
Changement de calibre en seconde partie, avec Al Jarreau au beau milieu d'un fatras de sons synthétiques datés dont il n'arrive décidément pas à se débarrasser. Voix de ténor culbutant dans l"aigu ou plongeant dans le grave, imitations d'instruments, swing naturel, talent d'amuseur… Lorsque le chanteur a interrogé la salle pour s'apercevoir que 80% du public le voyait pour la première fois, il a sorti toute la panoplie qui a fait sa carrière. Rien de neuf sous le soleil, mais un vrai entertainer, un poil cabotin et une voix caméléon à poser des colles de "faisabilité" aux profs de chant.
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Alex Dutilh
05/07/09 Montréal 6/7 : Joshua et son maître

18H, Gesù. Second des trois rendez-vous de la carte blanche à Joshua Redman. La veille, il avait présenté un très excitant 4tet avec Aaron Parks, Matt Penman et Eric Harland sur un répertoire original. Séance studio à venir… Ce 5 juillet, pour la première fois trois compagnons de longue date du saxophoniste, mais sur des projets différents, étaient rassemblés : Sam Yahel (piano acoustique, pour changer), Reuben Rogers (b) et Greg Hutchinson (dms). Et pour compléter le tableau, un second ténor, Joe Lovano. L'influence principale de Joshua, selon ses propres déclarations et donc un sacré défi ("ça va me botter le cul" prévint Joshua). Au programme, un florilège de grands compositeurs du patrimoine (Booker Little, Ornette Coleman, Wayne Shorter, Lennie Tristano… ) arrangés pour deux ténors, une poignée d'originaux et un morceau de bravoure, Blues Up and Down, jadis magnifié par un face à face entre Sonny Stitt et Gene Ammons.
L'invitation amicale à Joe Lovano, plus parrain impérial que jamais, donné évidemment lieu à des escarmouches à ténor moucheté. On pensait très fort à la rencontre entre Rollins et Hawkins : léger avantage au plus jeune, pour une tension plus forte dans son jeu ; sans que l'ancien ne renonce un instant à sa couronne. Sur un tapis rythmique ultra stimulant de Rogers et Hutchinson (Sam Yahel très économe laissait un maximum d'espace), les deux ténors s'écoutaient et s'échangeaient des chases avec beaucoup de respect dans le regard.
Un vrai bras de fer à l'ancienne chauffant le public à blanc. La competicion, comme disent les aficionados… Avec le jazz comme gagnant.
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Alex Dutilh
Montréal 5/7 : Brillant Blade

©JF Leblanc
Une soirée qui prolonge les plaisirs. 23H au Gesù, le batteur Brian Blade et son Fellowship Band. Deux sax (Myron Walden, as et b-cl et Melvin Butler, passionant ténor), Christopher Thomas à la contrebasse et John Cowherd au piano et à l'harmonium. Des compositions à tiroir, hyper-mélodiques. Un investissement total des musiciens dans un projet où le blues sert de fil conducteur et la liberté rythmique de rampe de lancement. Musique moite, chargée de feeling, avec des arrangements chatoyants pour les deux souffleurs qui s'achèvera au rappel sur une berceuse de "l'ami" Daniel Lanois. Spectaculaire pour l'œil, intériorisée pour l'oreille, totalement émotionnante, enracinée et prospective : un manifeste à signer sur le champ !
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Alex Dutilh
Montréal 5/7 : Miles from India

©Denis Alix
21H30. Évènement au Théâtre Maisonneuve. Le coup d'envoi d'une série consacrée à évoquer Miles Davis. Miles from India. Un fantasme réalisé sans le moindre contre sens. Le projet initié par le producteur Bob Belden sur la manière dont l'univers modal de Miles et celui de la musique indienne peuvent se faire écho est devenu réalité scénique. Avec un casting renouvelé par rapport au double album publié par Four Quarters Entertainment. C'est Nicholas Payton qui joue le rôle de l'icône, vétu de noir, chapeau assorti vissé sur la tête. Deux saxes, Bill Evans côté Miles et Rudresh Mahanthappa côté Inde ; deux claviers, Robert Irving III et John Beasley ; la basse grondante de Darryl Jones ; trois batteries occupant le fond de scène avec Lenny White, Ndugu Chancler et Vince Milburn ; et une ligne droite des pupitres indiens, des tablas de Badal Roy à la mandoline de U. Shrivinas en passant par la flûte de V.K. Raman et la khanjira et la voix de Selva Ganesh, le sitar de Hidayat Khan et le mridangam d'Anantha Krishnan.
Groove et volume sonore faisant chavirer la salle comme aux plus beaux jours de "Bitches Brew" lorsque tout le monde joue ensemble comme dans Miles Runs The Voodoo Now, mais plutôt formules à géométrie variable pour All Blues, So What ou Jean-Pierre… Ça balance, ça jubile, ça tourne en rond, ça jaillit, Rudresh et Bill Evans se tirent la bourre, les "passagers" des anciennes formations rajeunissent de quart d'heure en quart d'heure… Bref, l'esprit des concerts du grand sorcier planait de manière très perceptible. Pari réussi.
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Alex Dutilh
Montréal 5/7 : Take 50 !

©Denis Alix
19H30. Le grand jeu à nouveau dans l'immense Salle Wilfrid-Pelletier. Dave Brubeck, 88 ans, est invité à célébrer le cinquantenaire de l'album "Time Out". Le 4tet d'aujourd'hui : Bobby Militello (as, fl), Michael Moore (b) et Randy Jones (dms). Depuis son infection virale au printemps, Dave Brubeck ne prend plus l'avion. La mini tournée d'été se fait par la route. À l'ancienne, en bus, certes aménagé ! Un gros souci familial en début de semaine a failli provoquer l'annulation du concert et a surtout empêché le quartet de répéter le programme intégral de "Time Out" comme c'était prévu.
Peu importe, on a eu droit à une leçon de jazz. L'auteur de "The Duke" a commencé par rendre hommage à Ellington. Take the A Train, Mood Indigo… Sous nos yeux et nos oreilles, une filiation tout à coup évidente, passant aussi par Monk, dans la famille restreinte des pianistes "percussifs". Avant de passer à ses propres compositions, Brubeck nous gratifia d'une éblouissante introduction à Over The Rainbow (grand Militello à la flûte). Une pensée musicale limpide, élaguée de tout superflu: un pianiste manifestement compositeur pour qui la question de la forme est prioritaire. Il ne faut pas écouter son piano pour les nuances de toucher, mais pour la pure beauté des lignes. Et là, on a affaire à un maître. C'est avec Three To Get Ready que le leader entama le florilège de son répertoire. Take Five allait évidemment conclure.
Entre temps, Dave avait invité son fils Matthew Brubeck, violoncelliste en vogue au sein de plein de productions pop daujourd'hui, à rejoindre le groupe pour interpréter The Sermon on the Mountain. Passage de témoin ? Sur les gros plans de la télévision canadienne qui filmait le concert, le pianiste semblait fatigué. Il a tenu aussi à nous dire où jouaient ses trois autres fils ce soir-là. Et ses regards de papa poule sur le talent de Matthew revivifiant Take Five en version quintet en disaient long.
Enfin, ceux qui découvraient le saxophone de Mike Militello, biberonné au bebop, ont écarquillé les oreilles devant la maitrise du garçon à la silhouette d'ortolan. Comme son patron, un sens de la construction des solos d'une logique imparable. Comme son prédécesseur Paul Desmond, une expressivité maximale dans les nuances. En prime, il transpire le blues. Pas un leader, mais quel interprète !
Pas de rappel, mais un cadeau offert sur scène à Dave Brubeck par Alain Simard, président du festival et André Ménard, vice-président et directeur artistique : un portrait de Louis Armstrong signé par Tony Bennett. Le pianiste a accompagné les deux et rappelé que Louis fut le plus extraordinaire "real ambassador" que les États-Unis aient jamais eu. Comme la veille avec Tony Bennett, l'Histoire était encore en train de défiler sous nos yeux. Ça, c'est Montréal…
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Alex Dutilh
Montréal 5/7 : Susie en son jardin

©Denis Alix
18H, Théâtre Maisonneuve, Susie Arioli, voix voilée et caisse claire, entourée des fidèles Jordan Officer (g) et Wilham John Gossage (b). Ses poignets font monter la mayonnaise du swing avec les balais de sa caisse claire, la couleur vocale évoque le voile transparent de la jeune Helen Merrill, les chansons sont celle de la mémoire collective des standards, avec de brèves incursions sur la country. C'est le trio en lui-même qui impressionne, l'économie de moyens du virtuose Jordan Officer, ne haussant jamais le ton mais livrant des chorus d'un goût exquis, laissant place à la respiration, distillant les notes justes. Idem pour le contrebassiste à l'ancienne, grand ours aux doigts implacables. Entre ses deux boys, jonglant avec un franglais espiègle pour présenter ses titres, Susie Arioli a un tout petit peu de mal à occuper la très grande scène. Présenté au Théâtre du Nouveau Monde, le trio aurait probablement trouvé meilleur écrin, plus adapté à sa géométrie dans l'espace. Son parfait. L'art - si difficile - de faire simple.
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Alex Dutilh
04/07/09 Montréal 4/7 : Lee et les gamins

Gesu, 23H, Lee Konitz & Mimsarah. Drôle de contraste après le 4tet extraverti de Wayne Shorter. Konitz joue en gants blancs (sic) des lignes fuguées ; le trio americano-israelo-allemand joue du bout des doigts, retenant sans cesse la bride. Ensemble délibérément introverti et un contraste aussi saisissant qu'en son temps Eric Dolphy face à Misha Mengelberg, Jacques Schols et un Han Bennink débutant, sage et insolite à la fois. Konitz semble surpris d'autant de discrétion feutrée à ses côtés. Un ensemble décalé, un peu lunaire, appelant une fraîcheur d'écoute.
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Alex Dutilh
Montréal 4/7 : Wayne inédit

Théâtre Maisonneuve, 21H30. Décollage vertical. 45 minutes d'un seul trait incandescent. Sorcerer entre les lignes, jamais totalement explicité. Wayne Shorter au seul ténor planant au-dessus du volcan d'un quartet inédit : Danilo Perez s'étant fracturé le talon d'achille, c'est Geoff Keezer qui le remplace au piano. Cinglant. Investi. Provoquant. Zébrant l'air de phrases courtes comme autant de coup de fouets. Totalement inspiré par l'abstraction lyrique du leader. John Patitucci d'une fluidité et d'une réactivité constantes - quel bassiste idéal il ferait pour relancer le trio de Keith Jarrett - pour boursoufler le tissu collectif. Et un Brian Blade plus explosif que jamais récupérant dix fois sa grosse caisse glissant vers l'avant sous les coups de butoir.
Au soprano sur les 45 minutes suivantes, Wayne Shorter flottait littéralement au-dessus d'une longue suite au motif mélodique et rythmique obsédant, constamment réitéré par un piano délibérément percussif, une contrebasse discontinue et une batterie annonçant la fin des temps. Un jeu sur la matière, l'énergie, la transe, la violence. Le ténor étant le seul à s'affranchir de la partition, la possédant manifestement par cœur. Lui, imprivisible comme l'air, jubilant des traits de lave qui jaillissaient à ses côtés, malicieux avec chacun des trois pour les encourager à se jeter là à corps perdu.
En rappel, quasiment 30 minutes où Wayne utilisa brièvement le soprano et surtout le ténor pour un sommet de free jazz. Mais avec une telle intensité, un tel engagement, que la standing ovation fut au diapason de Brian Blade jaillissant de son tabouret à la verticale : 1500 spectateurs en état de choc se soulevant comme autant de diables de leur boite. Hallucinés.
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Alex Dutilh
Montréal 4/7 : Le ténor

19H30, Salle Wilfrid-Pelletier remplie jusqu'aux vestiaires et aux poubelles de tri sélectif. Photographes en transes. 90% des spectateurs venus en couple. Moyenne d'âge nettement plus élevée que pour Erik Truffaz… C'est le Tony Bennett show ! Sa fille d'abord, pour chanter trois standards grappillés dans la discothèque paternelle. Tout à fait honorable. Quartet du même type que celui de Madeleine Peyroux : piano (Lee Musiker), guitare (Gray Sargent), contrebasse (Marshall Wood) et batterie (Harold Jones). Ceux-là distillent les notes avec parcimonie, ne transpirent jamais, mais sont absolument parfaits. En 90 minutes, Tony Bennett, raconte sa vie. Une histoire vraie sur chaque titre, de l'origine de son nom de scène à sa vie familiale d'aujourd'hui. Bouleversant d'humanité, d'amour de la musique et des musiciens, drôle, charmeur à la Cary Grant, sans jamais forcer le trait.
Et totalement renversant sur le plan vocal et musical : une mise en place de rêve ; des accentuations inattendues dont on comprend que Bill Evans les adorait ; des envolées en lâchant la note comme Rollins peut "envoyer" au ténor d'une seconde à l'autre ; une justesse jamais prise en défaut, y compris quand il envoie tout balader, micro et accompagnateurs pour balancer un standard a cappela dans l'acoustique naturelle de la salle de 3000 personnes. En prime, une gestuelle de monstre sacré hollywoodien des années où, comme lui ce soir, on mettait une pochette rouge à son smoking noir. Dizzy considérait Tony Bennett comme le plus grand chanteur de jazz de l'Histoire. Tout sauf une provocation.
Sur l'échelle de Richter des poils dressés sur les bras au cours d'un même concert, j'ai fait exploser le record…
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Alex Dutilh
Montréal 4/7 : La Madeleine

©Marina Chavez
18h, Théâtre Maisonneuve. Madeleine Peyroux se souvient de la chanson française (La Javanaise, J'ai deux amours…), interprètée avec beaucoup de musicalité et un vrai regard jazz. Après un autre clin d'œil, à Bob Dylan cette fois, on mesure alors à quel point ses propres chansons ont de la tenue, qui ne dépareillent pas dans ce voisinage. Quartet parfait de sobriété à ses côtés, grande élégance des chorus du pianiste Gary Versace et l'impression que la chanteuse prend enfin du plaisir en scène. Voix bien timbrée, très juste, bel engagement dans les textes, à défaut d'être une chanteuse de jazz orthodoxe, Madeleine est une très solide interprète de chansons. Un grand pas en avant de celle qui a longtemps semblé embarrassée de se retrouver sur les planches. Depuis sa première apparition ici en 1997, une véritable mue, y compris sur la construction du spectacle et sa cohérence. Aujourd'hui, il s'agissait d'histoires d'amour qui finissent mal… et cautérisent les plaies des spectateurs.
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Alex Dutilh
03/07/09 Montréal 3/7 : espérance

Esperanza Spalding@Denis Alix
Dur atterissage après l'escale de Mexico. Dans a foulée, le trompettiste Chris Botti se produisait avec son quintet et un orchestre symphonique sur l'immense scène de la Salle Wilfid-Pelletier. Plus kitsch, tu meurs. La réunion de Georges Jouvin et Paul Mauriat: technique parfaite, musique vaine. Le point de non retour fut atteint par une reprise du Flamenco Sketches de Miles. Une seule solution pour préserver sa santé auditive, fuir. Sauf que ce fut pour la soupe servie par le sextet grossier du saxophoniste nippon Sadao Watanabe occupant la scène du Théâtre Jean-Duceppe (750 places). Quelques traces de bebop à l'alto, un soprano couinant et surtout un pianiste prenant ses claviers comme un instrument de musculation, un bassiste approximatif, un guitariste alignant les clichés… Même avec diplôme de sauvetage, l'excellent percussioniste africain n'y pouvait mais.

Fin de soirée très attendue au Gesù avec la jeune prodige Esperanza Spalding et son fidèle quartet : Leonardo Genovese (p), Ricardo Vogt (g), et Otis Brown (dms). Impression mitigée. Parce que si elle doit (plutôt bien) chanter, la très jolie contrebassiste de poche doit donc avoir des chansons ; or sauf lorsqu'elle se livre à des reprises de Nina Simone ou du répertoire brésilien, ses titres sont mélodiquement faibles. Ensuite parce que les arrangements touffus laissent souvent à désirer : c'est lorsqu'elle se retrouve en tête à tête avec le piano, la guitare ou la batterie qu'elle est enfin mise en valeur. Reste une belle présence scénique et la conviction d'une artiste en devenir. Mais encore verte.
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Alex Dutilh
Montréal 3/7 : less is more

Erik Truffaz©Victor Diaz Lamich
Journée faible, ce 2 juillet pour la programmation, sauf pour ceux qui ont eu la chance d'écouter un très tonique Chucho Valdès, selon les commentaires à la sortie. Et sauf une formidable entame à l'altitude de Mexico par Erik Truffaz. Après "Bénarès" et avant "Paris", le trompettiste présentait le second de ses trois rendez-vous au Gesù, reconstituant le parcours de son récent triple album. Le tablaiste Talvin Singh avait été annoncé pour épauler les programmations de Murcof. Empêché de se rendre à Montréal, il a été remplacé au pied levé par Apurba Mukherjee, présent la veille. Loin de constituer un handicap, cet imprompt a donné au concert un supplément de spontanéité, de fraicheur musicale, Apurba commentant ou intervenant dans un rapport d'écoute intense. Encore plus que dans l'album, la qualité de sensualité des programmations de Murcof se répand dans l'espace. Pulsations inventives, ludiques, sons hyper acoustiques, harmonies chaudes : le programmeur et compositeur mexicain tisse un tapis volant pour le trompettiste. Erik jubilait, toujours au plus près des mélodies, distillant un son magnifiquement contrôlé en courtes séquences, provoquant des boucles, rejetant la sourdine, clignant des yeux sur les polyrythmies des tablas. Entre électro et acoustique, des mondes parallèles réconciliées; entre la mémoire des grands maîtres indiens, celle de Miles et Jon Hassel et les explorations technologiques du mexicain, un voyage simultané dans le temps et dans l'espace. La synthèse parfaite du Truffaz d'aujourd'hui. Minimaliste, onirique, intériorisé: tout pour l'émotion. Énorme triomphe public, rappel en osmose.
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Alex Dutilh
02/07/09 Montréal 2/7 : et de cinq

23H au Gesú, 430 places, le 5tet de Baptiste Trotignon a déjà démarré. Un vrai quintet, sur la totalité du répertoire, qui joue moins la géométrie variable que dans l’album « Share ». Il y a bien Mark Turner, toujours aussi sinueusement soyeux au ténor et Matt Penman à la contrebasse. Mais c’est désormais Jeremy Pelt, plus hubbardien que jamais, qui tient la trompette à la place de Tom Harrell. Et cette fois la batterie est occupée par un éblouissant Greg Hutchinson (léger, fluide, percussif). Le pianiste a amené des nouvelles compositions, notamment une longue suite avec des arrangements somptueux pour les deux souffleurs. Une sensualité de couleurs évoquant l’écriture de Wayne Shorter pour le sextet des Jazz Messengers ou celle de Benny Golson pour le Jazztet d’Art Farmer. Lignes mélodiques puissantes, pulsation répétitive, harmonies épanouies : une sorte de Symphony for Improvisers… Trotignon tient là une pièce maitresse. Accueil triomphal du public de connaisseurs qui se retrouve tard chaque soir au rendez-vous « créatif » du Gesú.
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Alex Dutilh
Montréal 2/7 : et de quatre

21H30, retour au Théâtre Maisonneuve. Rencontre au sommet sous le nom de code de Monterey Quartet (lieu de leur rencontre initiale). Dave Holland (b), Gonzalo Rubalcaba (p), Chris Potter (ts) et Eric Harland (dms) donnent une leçon de maitrise instrumentale. Rythmiques complexes, compositions originales qu’ils se partagent, générosité des solos, écoute collective… Le jazz tel qu’on le récite. Tout cela est terriblement professionnel, admirable si l’on est musicien, surtout par l’absence de tension (aisance et intensité conciliées), mais glisse imperceptiblement vers une démonstration, certes splendide. Festival de citations chez Potter, tempo de marbre pour Holland, fraicheur d’invention chez Harland ; c’est Rubalcaba qui convainc le plus sur le plan de la sensibilité pure.
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Alex Dutilh
Montréal 2/7 : vox populi 3

Jamie Cullum ©Denis Alix

20H à la Salle Wilfrid-Pelletier, 3000 places. Hilary Kole, voix totalement maitrisée, assure consciencieusement la première partie de Jamie Cullum. Jolie, polie, belle robe, l’image parfaite d’un jazz non dérangeant, explicitement pasteurisé. Du coup, quand le british déboule, swing débridé, piano bousculé à pleines mains, on jubile. Bientôt thirtysometing (en août), il a beau jouer les crooners, c’est un moderne, décalant les codes, jouant à les dilater, les déplacer, les secouer. Moins jazz dans la lettre, tellement plus dans l’esprit. Et un charisme qui fait hurler les filles. « Bonsoâr Montréaul… », il tombe la veste, retrousse les manches, bondit sur le piano. Un numéro réglé, mais en permanence un grain de folie prêt à exploser. L’entertainment assumé sans complexe. Avec une pointe d’effronterie bien sentie.
Au passage, une version de Thriller maline et iconoclaste, un What A Difference A Day Made bluesé à l’ancienne, un dépouillement qui vient judicieusement faire respirer le show dans la chanson générique de « Gran Torino » en piano voix ou sur London Skies en guitare voix. Au rappel, une reprise d’Hendrix (The Wind Cries Mary) ! Pop, jazz, blues, rock ? Exactement comme Mose Allison une demi-siècle plus tôt…
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Alex Dutilh
Montréal 2/7 : vox populi 2

19H au Club Soda, 550 places. Luciana Souza et Romero Lumambo en duo. Elle doublant sa voix au triangle ou au tambourin, lui en guitariste orchestral. Mise en place rythmique parfaite, mais justesse longtemps aléatoire. Pas important ? Si. Pour les avoirs vus à plusieurs reprises, ce concert-là était raté. Manquant de légèreté : Luciana Souza est trop excellent pédagogue pour ne pas s’être sentie vocalement « à côté ».
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Alex Dutilh
Montréal 2/7 : vox populi 1

©Denis Alix
18H, Melody Gardot au Théâtre Maisonneuve, 1400 places. Révélation ici l’an passé dans la bonbonnière du Théâtre du Nouveau Monde, elle se présente avec la même formation qu’au mois de mai à l’Alhambra de Paris : trompette, sax ténor, vibraphone, contrebasse et batterie. Enchainement identique des titres, après l’entame a capella avec chaussures frappant le plancher. Mais cette fois, en lieu et place du ton enjoué et malicieux des bords de Seine, une sobriété classieuse, exclusivement musicale, dépouillée, concentrée, tendue comme un arc. Une invitation à la confidence, délibérément minimaliste, avant de se laisser aller au charme de la conversation et de mettre une fois de plus le public dans sa poche avec trois fois rien, un claquement de doigts, un trait d’humour, un trait de piano… Fascinante d’aisance et décidément totalement singulière.
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Alex Dutilh
Actuellement en kiosque


Jazzman N° 159.
Hank Jones, l'histoire au bout des doigts.

Également disponible en version numérique.
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Montréal 1/7 : les trois coups
19H30, 21H, 23H : le parcours du marathonien du 30ème Festival International de Jazz de Montréal commence au rythme d’un échauffement (demain, cinq concerts d’affilée…). Mais trois coups d’éclat successifs.

D’abord, la rencontre – annoncée pour les jours prochains en Europe – du Jazz at Lincoln Center Orchestra de Wynton Marsalis avec le quartet de Chano Dominguez. Concert précédé par la remise du nouveau Prix Bruce Lundvall… à Bruce Lundvall, prestigieux patron de Blue Note, par Wynton lui-même, son artiste maison. En amuse-bouche, deux pièces du big band seul. Polies et compassées. Puis vient Chano au piano, sur des compositions et arrangements qu’il partage avec Wynton et avec un trio infernal : un cajon, un chanteur flamenco et un danseur époustouflant, Tomasito, liant l’art des talons flamencos à celui des tap dancers afro-américains. Ensemble ils installent un groove à faire chavirer le Rocio et Harlem dans un même mouvement. Une synthèse admirablement sublimée par un Wynton plus expressionniste que jamais à la trompette, oubliant les conventions pour s’avérer très juste musicien de l’instant. L’envers du dogmatisme, une vraie générosité réciproque.

Deuxième étape, 90 minutes sublimes de l’orchestre de Maria Schneider qui suivait une prestation aimable du quartet du guitariste Julian Lage. Récemment primée comme meilleure compositrice, arrangeuse et chef du plus bel orchestre de l’année par l’AAJ (cf. dans ces colonnes), Maria Schneider n’a pas livré de compositions nouvelles, mais une exécution majestueuse de ses deux premières compositions, d’une pièce de « Concert in the Garden » et des récents Sky Blue et la suite expressionniste Cerulean Skies. Section rythmique d’une délicatesse d’intervention rarissime (Clarence Penn, Jay Anderson et un Frank Kimbrough des grands jours, doigts de plume, rendant sa nécessité à chaque note). Solistes une fois de plus hors pair sur le plan de la sensibilité : Steve Wilson au sorano, Charles Pillow à l’alto, Donny McCaslin et Rich Perry au ténor, Ingrid Jensen à la trompette, Ben Monder à la guitare et un
impromptu Scott Robinson… au bugle (il avait étonné ses camarades la veille au cours d’un jam où il avait troqué la clarinette pour les pistons ; Maria était absente et lui a suggéré de troquer son solo habituel en concert pour son instrument d’amateur. Pari réussi sur la pureté de l’émotion. On venait d’assister à la projection d’un long métrage : intensité dramatique, paysages intérieurs, scénario à rebondissements. Plus une direction d’orchestre touchant à la grâce pure. Sortie du concert en apesanteur.

Troisième étape, « le concert évènement » en extérieur, sur la nouvelle esplanade longeant la « Maison du Festival » inaugurée la veille. 30 ans de Stevie Wonder passant tous ses tubes en revue- plus In the Arms of God écrit spécialement à la mémoire de son cadet Michael Jackson - pour 30 ans de festival. Entame sous une pluie fine. Une mer de parapluies multicolores couvrant les 200 000 spectateurs et la « présence » de Michael Jackson à qui Stevie dédia le concert et sur les classiques duquel il allait le clore 2H30 plus tard au moment précis où la pluie suspendue reprenait et qu’un feu d’artifice se déclenchait sur la dernière note. Poils dressés sur les bras… La formation avec laquelle Stevie Wonder a enchainé tube sur tube restituait la quintessence du Motown sound, Basse grasse, guitare colorée, pulsation obsédante, cuivres cinglants, claviers vintage, choristes tombées dans la marmite… Et cette voix, inaltérable, tenue sans faiblir ; ce corps musicien ; cette aptitude à se laisser envahir par la musique. Grand moment de patrimoine populaire afro-américain que les ados présents en nombre sur le site chantaient à tue-tête face aux nuages. Une ouverture en forme de Mont Royal.
Photos ©Denis Alix
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Alex Dutilh
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