30/06/08 Adieux à Ronnie Mathews

Ronnie Mathews s'est éteint des suites d'un cancer du pancréas samedi 28 juin à l'âge de 72 ans. Pianiste à l'expression marquée par l'influence de Horace Silver et McCoy Tyner, Ronnie Mathews fut un accompagnateur apprécié des plus grands noms du hard bop, ayant officié auprès de Max Roach, Dexter Gordon, Louis Hayes ou encore Johnny Griffin. Ces dernières années, Roy Hargrove avait souvent fait appel à l'expérience de celui qui figurait au générique de quelques disques du catalogue Blue Note enregistrés par ses idoles (The Rumproller de Lee Morgan ou The Breaking Point de Freddie Hubbard). Auteur de quelques albums sous son nom, Mathews était aussi considéré comme un spécialiste de la musique de Thelonious Monk, qu'il interprétait régulièrement dans le groupe monté par le fils de ce dernier, T. S. Monk Jr.
A New York, lundi soir dernier, le sachant condamné, la communauté du jazz s'était mobilisée au Sweet Rhythm pour entourer de son affection la famille du pianiste. De nombreux musiciens dont les noms forment un Who's Who du hard bop jouèrent en son honneur : Cedar Walton, George Coleman, Al Foster, Billy Harper, Gary Bartz, Randy Weston, Barry Harris, Victor Lewis, Charles Davis, Ray Bryant, Sonny Fortune, Louis Hayes ainsi que le vétéran Frank Wess qui, soutenu par Mulgrew Miller et Terence Blanchard, rendit un hommage à son confrère avec une sensibilité aussi intacte que touchante.
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Vincent Bessières
Montréal (3) : vive les plus de 65 ans !

Des hauts et des bas dans une journée achevée fort tard dans la joie et la fièvre de la prestation de Socalled sur la scène du Club Soda : hip hop et jazz pour les invités, dance et klezmer pour le leader au chant, aux machines et à l'accordéon... En fin d'après-midi, le flutiste québécois François Richard avait présenté son Nouvel Orchestra, une formation réunissant à ses côtés une section rythmique piano, basse, batterie, le saxophoniste Yannick Rieu (magnifique), un cor, trois violons, deux altos et un violoncelle. Arrangements chatoyants, très séduisants, mais exécution un peu académique coincée entre le manque de concerts et un batteur d'une raideur plombante… Dans la même salle du Gesù, dans la soirée, Hilario Duran, le pianiste cubain installé à Toronto allait se livrer en trio à un concert démonstratif de sa vaine virtuosité. Beaucoup d'effets, peu de musique : l'envers de la leçon de Gonzalo Rubalcaba. Il faut dire que je sortais du concert en duo de Hank Jones (photo) et Charlie Haden. Le pianiste fêtera ses 90 étés le 31 juillet prochain ! Bebop de rigueur (Monk, Parker et quelques standards dont un Body & Soul épuré jusqu'à l'os) et du coup le rare bonheur d'entendre live en quoi Charlie Haden révolutionna le rôle de la basse. Son économie de moyens et son implacable time sur ce répertoire, à des années lumière de ceux qui jouent plus vite que leur ombre étaient autant une leçon de maturité qu'une déclaration d'amour explicite à Hank Jones, son vieux complice. Bonhommes, drôles dans leurs interventions au micro, les deux musiciens ont simplement pris un immense plaisir - communicatif - à jouer ensemble, main dans la main. De l'art de faire simple. Un peu plus tôt, dans l'immense Salle Wilfrid-Pelletier bourré à craquer de cinéphiles inquiets, Woody Allen et son septet new-orleans nous avait livré en deux heures un scénario de comédie dramatique : entame pitoyable de couacs et progressivement, porté par les impros collectives, une assurance de jeune homme quittant le divan pour la rue et ses parades. Il remet ça ce soir : no hay billetes
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Alex Dutilh
Mauvaise passe pour le jazz à Rome

Depuis les changements politiques intervenus à la Mairie de Rome, le nouveau maire Gianni Alemanno (centre-droit) a décidé de faire passer la culture au second plan, préférant privilégier d’autre domaines tels que les transports, les salaires et la politique sociale. Une décision que subit de plein fouet le jazz, jusqu’alors très présent dans la capitale italienne.
Première mauvaise nouvelle, la 11e édition du festival Una Striscia di Terra Feconda qui devait se dérouler du 24 au 27 juin a été reportée en septembre prochain pour cause de retard d’attribution des subventions. Armand Meignan et Paolo Damiani, co-directeurs de ce festival, n’ont à ce jour aucune garantie sur le montant des subventions traditionnellement accordées par la Ville (premier partenaire financier du festival).
Ces deux acteurs du jazz français et italien se disent également très inquiets sur l’avenir de la Casa del Jazz (en photo ci-dessus) créée en 2005, annonçant que "la situation financière et administrative du lieu qui accueille habituellement le festival ne lui permet plus d’apporter son aide technique habituelle (scène, backline, son, etc.), et d’ajouter que, ce lieu subit de plein fouet les nouvelles options culturelles du nouveau maire."
Ce dernier, interviewé par le quotidien Libération daté du 19 juin, accuse la municipalité du maire sortant d'avoir laissé un trou de plus de huit milliards d'euros.
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Anne-Laure Bucelle
Le roi des puces

Dans une interview accordée au Parisien, Marcel Campion a annoncé qu'il était en passe de devenir le nouveau propriétaire de La Chope des puces à Saint-Ouen, lieu mythique du jazz manouche et point de rendez-vous hebdomadaire de nombreux guitaristes tels que Ninine et Mondine Garcia. Marcel Campion, l’emblématique président des forains de France, responsable entre autres de la Foire du Trône et de la grande roue de la place de la Concorde à Paris est un grand amateur de jazz manouche, guitariste à ses heures et amoureux du lieu depuis l'âge de dix-sept ans : "C'est ici que j'ai vu George Benson, Serge Krief, les frères Ferré, les frères Escoudé... C'est un lieu magique, un lieu de mémoire!" Un attachement que Jeanne Cocq, propriétaire du lieu depuis vingt-huit ans, avait ressenti puisqu'elle confie au quotidien : " J'ai soixante-et-onze ans. Il faut bien passer la main. Et le seul à qui je voulais bien vendre, c'était lui."
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Anne-Laure Bucelle
Hancock au top!

©Pierre de Chocqueuse
Massée sur le parvis, une foule immense assistait hier au concert de clôture du Festival de Jazz de la Défense, « The River of Possibilities Tour » d’Herbie Hancock, attendu ce soir à Vienne, puis à La Roque d’Anthéron (le 28 juillet), à Vannes (le 30 juillet) et à Marciac (le 2 août), pour ne donner que les dates de sa tournée française. Hier, à 18 heures, le feu d’artifice commença avec, surprise, un morceau des années 70, Actual Proof, extrait de « Thrust », l’un des meilleurs albums qu’Herbie enregistra en studio avec ses Headhunters. Très souvent au piano acoustique, ce dernier nous régala d’un programme en partie funky, avec des reprises explosives de Watermelon Man et de Chameleon, rythmées par les riffs de guitare de Lionel Loueke. Partageant de nombreux chorus avec son saxophoniste Chris Potter, au jeu tendre ou sauvage selon les pièces proposées, Hancock maintint en haleine son public en faisant habilement alterner des ballades aux harmonies sophistiquées (des compositions de Joni Mitchell dont un magnifique River) à des morceaux funky ou africains, l’aspect rythmique de sa musique passant alors au premier plan. Mention spéciale aux deux chanteuses (Sonya Kitchell et Amy Keys), et à la section rythmique (Vinnie Colaiuta et Dave Holland, ce dernier à la contrebasse ou à la basse électrique). Une fête !
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Pierre de Chocqueuse
29/06/08 Montréal (2) : Trois pour Mehldau

Trois concerts à Montréal, dont deux pour la journée du samedi 28 juin : menu chargé pour Brad Mehldau. Après le solo de la veille, la prestation du trio montait d'un cran sur le plan qualitatif. Une prestation mettant particulièrement en valeur le batteur Jeff Ballard dans un jeu très libre donnant un vrai relief, une profondeur de champ aux développements en spirale du pianiste. Pas étonnant qu'il reprenne Countdown de Coltrane, parfait exemple de jeu circulaire "autour" d'une cellule mélodique et d'un pôle harmonique. Que ce soit sur Samba do amor de Chico Buraque, Baby Plays Around d'Elvis Costello ou le magnifique Holland de Sufjan Stevens, en ce moment Brad Mehldau s'essaie à prolonger la leçon de… Coltrane ! Une plongée verticale, jusqu'à l'hypnose.
Deux heures plus tard, duo très attendu avec Hank Jones pour la série de dialogues de ce dernier (Charlie Haden, venu les féliciter backstage - photo-, sera l'invité de ce dimanche). Les deux pianistes échangeant leurs Steinway à la moitié du concert se sont magnifiquement servis l'un, l'autre, Brad jouant la sobriété pour privilégier le chant et Hank accompagnant avec une science harmonique de haut-vol. Monk, Bird et une série de standards joués avec l'évidence de la première fois pour des "arrangements" laissant toute latitude à l'intuition. Grande classe.
Troisième pianiste pour conclure la journée, Yaron Herman, en compagnie de Gerald Cleaver et du contrebassiste Stéphane Kerecki en lieu et place de Matt Brewer pris à la même heure dans la formation de Gonzalo Rubalcaba. Public conquis par la fougue de Yaron, son répertoire, son lyrisme habité, le sens collectif du développement par incidentes et l'imagination de Cleaver.
Un peu plus tôt, Al Green avait chauffé à blanc la plus grande scène du festival : sublime voix de tête, un timbre et un placement d'une sensualité torride qui en font l'héritier direct de Marvin Gaye, Otis Redding et Sam Cooke. Un peu cabotin, mais charisme irrésistible.
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Alex Dutilh
Aldo très haut!

©Pierre de Chocqueuse
Entouré des membres de son quartette, Aldo Romano fêtait hier soir au Sunset la sortie de « Just Jazz » son nouveau disque. Gardien du tempo de ses musiques, Aldo a fait appel à son vieux complice Henri Texier pour l’aider à faire chanter une section rythmique sans piano, le jeu mélodique de la contrebasse apportant un contrepoint subtil aux ébats passionnés des souffleurs. Mauro Negri à la clarinette et Géraldine Laurent au saxophone alto ajoutent des couleurs, pimentent d’une saine agressivité créatrice les compositions chantantes du batteur transalpin. Lyriques dans les ballades lumineuses dont Aldo a le secret (Cité Soleil, Handle with Care), énergiques dans des morceaux davantage ancrés dans le bop et son vocabulaire (Prego !, Libero !!), les musiciens jouèrent aussi avec leur cœur, parvenant à donner à la musique un supplément d’âme, à la rendre sincèrement attachante.
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Pierre de Chocqueuse
28/06/08 Montréal (1) : Dr. Jones & Mr. Lovano

Deuxième volet de la série de quatre concerts de la légende vivante Hank Jones au festival de jazz de Montréal. Le pianiste a livré un échange sublimissime avec le saxophone ténor de Joe Lovano. En partage, le classicisme absolu : pas une note de trop, pas une note qui manque, une expressivité du son et de la phrase bouleversantes. Chez le pianiste le souvenir d'Art Tatum et l'économie de Monk, une incroyable rigueur du "time" invitant la fantaisie des surprises harmoniques du bebop… Chez le saxophoniste, la mémoire rassemblée de Coleman Hawkins et Lester Young, Sonny Rollins et Ben Webster : une large place au souffle, au silence, à la sensualité du son, au feeling très personnel du bel canto aussi, bien sûr. Ma-gis-tral !
Oublions la prestation décevante, un peu plus tôt du Nordict Connect de Christine et Ingrid Jensen, sax approximatif et pianiste insipide… En fin de soirée, le premier des trois concerts en solo de Brad Mehldau, s'est conclu sur cinq rappels et autant de standing ovations. Un peu tendu au début, le pianiste s'est progressivement libéré, notamment au travers d'une série de nouvelles compositions personnelles. Magnifique écoute du public dans la salle du Gesù ou officiera Yaron Herman ce soir…
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Alex Dutilh
Zorn de chambre

On a eu l'occasion de découvrir hier soir le versant le moins connu de l'oeuvre de John Zorn : la musique contemporaine. Pour l'occasion, la grande salle de la Cité de la Musique avait retrouvé tous ses sièges, et Zorn avait quitté la scène, surveillant d'un œil attentif depuis les coulisses les musiciens qui se succédaient pour interpréter ses partitions. Au menu: un trio pour violoncelle (777), un solo de percussions (Gri-Gri), un duo de clarinettes basses (Sortilège), un solo de piano (fay ce que tu vouldras) et un quatuor à cordes (Necronomicon). Certes, je mentirais si je disais que cette musique avant-gardiste, complexe et souvent ardue, suscitait en moi le même enthousiasme que celle de Masada ou de The Dreamers, mais la soirée n'en recelait pas moins son lot de grands moments : aux clarinettes basses, Michael Lowenstern et Anthony Burr ont stupéfait l'auditoire par leur maestria rythmique et leur art de la dynamique et des textures sonores. Seul au piano, Stephen Drury, totalement habité par une composition qu'il connaissait par coeur, a livré une prestation d'une rare intensité. Et en repensant aux cinq soirées de cette mémorable semaine, on reste songeur devant l'incroyable polyvalence de Zorn, que ce dernier concert illustre sans doute mieux que tous les autres.
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Pascal Rozat
27/06/08 Orgie de Masada

©Lionel Eskenazi
Trois heures non stop, si ce n'est de courts changements de plateau pour glisser du Masada String Trio - Mark Feldman (vln), Erik Friedlander (cello) et Greg Cohen (b) - au sextet Bar Kokhba - les mêmes plus Marc Ribot (g), Joey Baron (dms) et Cyro Baptista (perc) - puis au quartet originel Masada - Dave Douglas (tp), John Zorn (as), Greg Cohen et Joey Baron - avant un ultime rappel par un solo de violoncelle d'Erik Friedlander ! Quelle bonne idée d'oublier les entractes et de mettre en avant le flux musical, l'unité de corpus, les liens de la "famille" (ce soir là, tous des compagnons de route de Zorn depuis 20 ans). C'était hier soir, 26 juin à la Salle Pleyel, cadre et acoustique parfaits non seulement pour les cordes, on s'y attendait, mais pour le quartet lui-même. Là résidait la grande surprise du jour. Car si la maitrise instrumentale des membres du String Trio et de Bar Kokhba fut un grand bonheur, on a eu droit à un "autre" Masada. Moins attaché aux mélodies envoûtantes du Masada Book et davantage ouvert sur le silence, l'impro libre, les jaillissements et les contrastes d'un Zorn plus guide des "règles du jeu" que jamais. L'interrogeant à l'issue du concert sur cette évolution notable du quartet, il me répondit "c'est la Salle Pleyel qui appelle ça". On avait eu la démonstration depuis lundi que Zorn joue de l'orchestre, on sait désormais qu'il joue de l'espace aussi.
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Alex Dutilh
26/06/08 Ciné Zorn

Troisième rendez-vous de la semaine John Zorn hier soir à la Cité de la Musique à Paris. "Essential cinema" au programme, soit des musiques de films écrites par Zorn et jouées simultanément à la projection. Quatre courts métrages avec Electric Masada déployé dans le noir sous l'écran. Dans l'ordre : "Rose Hobart" de Joseph Cornell, comme en prolongement instrumental et délicat du concert de la veille avec The Dreamers ; "Aleph" de Wallace Berman, cinéma expérimental free sous amphétamines et musique idoine avec un Zorn hurleur et volcanique à l'alto ; "Oz : The Tin Woodman's Dream", film d'animation de Harry Smith pour lequel Ikue Mori emplissait seule l'espace de percussions et bruissements ; et le clou de la soirée, "Ritual in Transfigured Time" de Maya Deren (photo) : un film littéralement chorégraphié, des images quasiment musicales, un orchestre fluide (Marc Ribot et Trevor Dunn emballants, comme le duo de batteurs Joey Baron et Kenny Wollesen). En rappel, sans images, quatre morceaux d'Electric Masada et toujours cette évidence d'un Zorn qui "joue de l'orchestre" avec maestria. Backstage, après le concert, David Krakauer de passage à Paris, retrouvait la famille…
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Alex Dutilh
25/06/08 Zorn au sommet de son art

Waouh ! Le concert de "The Dreamers", à la Cité de la Musique à Paris, hier soir 24 juin a été énorme. En ce qui me concerne l'un des sommets de ma vie de journaliste. C'était le second du "Domaine privé" consacré toute la semaine à John Zorn. L'album publié il y a quelques semaines a enthousiasmé (Choc et chronique dans Jazzman n°146 de mai). Les six "rêveurs", tous en état de grâce : Marc Ribot à la guitare, Jamie Saft aux claviers, Kenny Wollesen au vibraphone, Trevor Dunn à la basse, Joey Baron à la batterie et Cyro Baptista aux percussions; plus Zorn lui-même au sax alto pour un titre. Sur scène, une orgie de musique ; futuriste en ce qu'elle ne développe moins des chorus qu'elle ne travaille en permanence sur la mouvance des textures. Une conception verticale de la musique, toute en superposition de timbres, nuances, profondeur de champ, qui rompt avec les habitudes horizontales du développement des chorus. Le résultat est incroyablement généreux, avec une rigueur jamais prise en défaut. Pour le public, une envie irrésistible de danser et de chanter à gorge déployée : c'est terriblement joyeux, optimiste, débridé et contrôlé à la fois, toujours lucide et totalement lâché. La direction des mains et du regard de Zorn, assis sur une chaise à l'avant-scène côté cour, est une leçon de musique exceptionnelle : il "joue de l'orchestre" avec une précision de démiurge. Surtout, surtout, n'hésitez pas à traverser l'Europe ou les océans pour voir "The Dreamers". On tient là une formation phare des années à venir.
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Alex Dutilh
22/06/08 Solveig côté soleil

Le Sunside accueille la chanteuse Norvégienne Solveig Slettahjell, ce lundi 23 juin pour son premier concert parisien. Elle sera accompagnée de son Slow Motion Quintet (littéralement le quintet du ralenti) et interprétera entre autres son quatrième album Domestic Song. Un disque intimiste et dépouillé où la chanteuse va chercher au plus profond d'elle-même la sincérité émotionnelle et sentimentale. De très belles pop songs servies par une voix enchanteresse et un jazz atmosphérique du meilleur goût. Un grand sens mélodique et une parfaite maîtrise rythmique d'un chant "au ralenti". Des compositions passionnantes et quelques reprises (Tom Waits, The Beatles) remarquablement arrangées. Que les amoureux du jazz vocal intimiste ne loupent pas ce concert car il s'agit pour l'instant de sa seule et unique date en France.
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Lionel Eskenazi
20/06/08 Fête de la musique : où écouter du jazz ?

Comme chaque année, la fête de la musique offre son lot de bonnes surprises et... de casseroles en tout genre. Pour vous permettre de tracer un itinéraire en fonction des groupes de jazz que vous souhaitez écouter, le ministère de la culture a mis en place un site internet qui répertorie et cartographie tous les lieux programmant du jazz ce soir-là. À noter, Samy Thiébault au pub des jacobins à Bourges, Pierrick Pedron en plein air à Noisy-le-Sec et à Paris, l'hommage à Stéphane Grappelli par les trois clubs de la rue des Lombards, qui seront en entrée libre ce soir-là.
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Anne-Laure Bucelle
19/06/08 Pierre de Bethmann au CNSMDP

Dès la rentrée prochaine, Pierre de Bethmann rejoindra l'équipe du département Jazz et musiques improvisées dirigée par Ricardo del Fra au CNSMD de Paris. Il officiera en tant que professeur de piano associé à Hervé Sellin, en poste depuis 1994.
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Anne-Laure Bucelle
Un show très Shaw

©Pierre de Chocqueuse
Il est grand temps d’écouter Ian Shaw. Il fait partie des grands. Sa voix de baryton martin monte sans peine, jusqu’à des sons « de tête » parfaitement maîtrisés. On pense à Kurt Elling, pour sa facilité à changer de timbre, à se jouer des octaves. Magnifiquement accompagné par Alain Jean-Marie au piano, Gilles Naturel à la contrebasse et Philippe Soirat à la batterie, Ian Shaw chauffa vite le Sunside hier soir lors de trois sets éblouissants. Heureux d’être à Paris, il prit le temps de nous présenter son répertoire, nous livrant avec humour des anecdotes sur les standards et les chansons qu’il affectionne. On attend toujours la sortie de son disque consacré aux compositions de Burt Bacharach et Hal David. Ian en chanta quelques-unes, mais aussi Talk to Me de Joni Mitchell, Get Out of Town de Nat « King » Cole, sans oublier une courte mais savoureuse imitation de Carmen McRae dans Darn that Dream. Un sacré Show !
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Pierre de Chocqueuse
18/06/08 Jazz anecdotes

©Pierre de Chocqueuse
Collaborateur de Jazzman, Membre de l’Académie du Jazz et photographe réputé, Jacques Bisceglia expose ses « Jazz anecdotes 1964-2003 », à l’Irma, 22 rue Soleillet Paris 20e (métro Gambetta) jusqu’au vendredi 4 juillet 2008 (de 10h à 13h et de 14h à 18h, du lundi au vendredi). On en profitera pour s’y procurer la toute nouvelle édition du guide annuaire Jazz de France, édité par l’Irma (centre d’information et de ressources pour les musiques actuelles).
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Pierre de Chocqueuse
France Musique sur 65.0 

La nouvelle vient de tomber. Avec une brutalité déconcertante. Un recommandé dans la boîte aux lettres. Au motif qu’ils ont plus de 65 ans, comme quelques-uns de leurs collègues du "classique", quatre piliers du jazz à France Musique sont mis à la retraite d’office. Philippe Carles, Claude Carrière, Jean Delmas et Alain Gerber (ce dernier également éjecté de France Culture au même motif). Soit la moitié des voix du jazz sur la chaîne ! "Jazz Club", "Le jazz est un roman", "Le jazz, à contre-courant" : trois émissions et autant d’heureuses différences du service public… On pouvait croire qu’il s’agit là d’un métier "artistique" où la retraite n’a de sens que désirée et, constatant la verdeur actuelle de Martial Solal, Hank Jones, Roy Haynes ou Sonny Rollins, se dire que les années contribuent à la qualité du travail. Mais même en admettant qu’une loi générale s’applique aux nouveaux "flamboyants", comment accepter qu’une telle décision - a fortiori si elle générale sur Radio France - leur soit annoncée à vingt jours de leur dernière émission ? Alors qu’une retraite se prépare et dans leur cas que cela mérite une fête retentissante. Pour tout ce qu’ils nous ont appris, fait découvrir et aimer, transmis par leur flamme. Chapeau messieurs ! Et carton rouge aux ressources "humaines" du service public…
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Anne-Laure Bucelle
16/06/08 Esbjörn Svensson est mort !

Le pianiste suédois, dont le trio E.S.T. a triomphé sur les scènes du monde entier, depuis ses débuts en 1993, a été victime d'un accident de plongée samedi 14 juin. Il laisse désemparés son épouse, ses enfants et ses deux compagnons de route, Dan Berglund and Magnus Öström.
Esbjörn Svensson était né un 16 avril 1964 à Västeras d'une mère pianiste classique amateur et d'un père mélomane fou d'Ellington. En ajoutant à ces "tatouages d'enfance" sa propre culture pop forgée à l'écoute de la radio, Esbjörn eut l'intuition d'un "mix" très personnel qui allait réconcilier les générations et les publics… Enthousiasme, créativité et sens du spectacle allaient faire de E.S.T. un groupe majeur des années 2000. Le seul groupe européen à réaliser une percée spectaculaire aux États-Unis, par exemple. À Jazzman, nous y avions cru dès ses débuts (cf. archives du site). Pour une qualité mélodique rare, un groove aussi sophistiqué qu’irrésistible et un grand sens dramaturgique sur scène.
E.S.T. venait d'achever la réalisation de "Leucocyte", douzième (et donc ultime) album du trio, pour le label allemand ACT. La sortie en était prévue le 26 septembre prochain. Nous l’écouterons la gorge serrée.
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Alex Dutilh
13/06/08 Aldo au net

Dans sa chronique (***) du dernier disque d'Aldo Romano, dont nous avons fait un "événement" (p. 87 de Jazzman de juin), Lionel Eskenazi s'étonne du changement de titre d'une ancienne composition : "Ce n'est pas très honnête de changer le nom d'une ancienne composition, en faisant croire qu'elle est nouvelle (Dany K, qui est en fait Sapore Di Si Minore du troisième Palatino, jouée sur un tempo plus rapide)."
Aldo Romano nous précise ceci : "L’accusation de malhonnêteté est grave, à la limite de la diffamation. Le thème a complètement changé de métrique ce qui lui donne un caractère nouveau. Il faudrait que vous fassiez le même procès d’intention à une multitude de musiciens car nous avons le droit et parfois la nécessité de changer de titre. J’ose espérer que c’est par ignorance que vous m’accusez de malhonnêteté et avez ainsi choqué toute la communauté des jazzmen. D’ores et déjà vous avez sali mon intégrité d’homme et d’artiste et cela est ignoble et inexcusable."
Si c'était le cas, nous serions évidemment désolés de cet "effet papillon". Mais en tant que rédacteur en chef, d'une part j'aperçois une nuance de taille entre "pas très honnête" et "malhonnête" et d'autre part, coutumier des changements de métriques opérés par les jazzmen lorsqu'ils réinterprètent un standard, je suis moi aussi troublé par la ressemblance mélodique. Reste que l'édition a ses droits que l'oreille ne reconnaît pas forcément…
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Alex Dutilh
Pour Ryoko

Les réserves exprimées par Renaud Czarnes dans sa chronique de l'album "Bonsai Bop" de la pianiste Ryoko Nuruki (et largement partagées par la rédaction de Jazzman) ont suscité une réaction du "président de son fan club" à Juan-les-Pins, René Gherson. Une lettre ouverte.doc qu'il nous a semblé important de rendre publique. Autant nous ne sommes pas convaincus par la production de l'enregistrement, autant nous pensons que la sensibilité de cette jeune artiste laisse entrevoir une marge de progression à encourager.
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Alex Dutilh
10/06/08 Quand les jazzwomen passent à la TV

Quel bonheur que de retrouver hier soir un excellent documentaire de format court intitulé "Quand les jazzwomen font parler d'elles" sur la chaîne d'information France 24. En interviewant plusieurs musiciennes de jazz telles que Sophia Domancich, Alexandra Grimal et Anne Paceo (en photo), les journalistes Priscille Lafitte et Damien Chartron ont tenté de décrypter le manque de parité constaté au sein des instrumentistes de jazz. Ce sujet primordial et encore trop peu abordé au sein du milieu avait notamment fait l'objet d'un livre par la maître de conférence à la Sorbonne et chercheur au CNRS Marie Buscatto, ("Femmes de jazz", CNRS éditions, 2007, 222 p., 25 euros). Le documentaire, accompagné d'une enquête écrite, peut-être visionné en streaming sur le site www.france24.com
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Anne-Laure Bucelle
08/06/08 Claire et Florin

Hier, samedi 7 juin, le journal télévisé de 13h de TFI présentait une séquence "le jazz au son du violon" consacrée à Florin Niculescu à l'occasion de la sortie de son album "Plays Stéphane Grappelli" sur Blujazz. Le site de Jazzman offre une séance de rattrapage aux mauvais esprits qui boycottent une chaine où des émissions interrompent à tout bout de champ le flot des spots publicitaires…
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Alex Dutilh
06/06/08 Du jazz les pieds dans l'herbe


C'est demain, samedi 7 juin, que débute la troisième édition du Paris Jazz Festival organisé au parc floral de Vincennes. Les concerts gratuits organisés les samedi et dimanche après-midi tout au long des mois de juin et juillet sont une bonne occasion pour les Parisiens et Franciliens d'allier détente au vert et plaisir des oreilles. Au programme de cette année, Erik Truffaz feat. Nya, Tomasz Stanko, Al Foster Quintet avec Steve Grossman ou encore Dianne Reeves. Avec en prime, plusieurs ateliers organisés pour toute la famille : des expositions photographiques de Sophie Leroux et Philippe Baudouin, des ateliers à la danse swing et pour les enfants, une exposition de structures sonores en plein air et des ateliers d'éveil musical.
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Anne-Laure Bucelle
Deezer signe avec Universal Music

Le site internet d'écoute gratuite en streaming Deezer a signé un accord avec Universal Music qui mettra désormais à sa disposition un catalogue d'un million de titres. Le site met ainsi fin aux menaces de représailles judiciaires dont la menacait la major il y a quelques mois. S'inscrivant dans une logique de légitimisation, la société a également signé des accords avec la SACEM, Sony BMG et la SPPF (Société Civile des Producteurs de Phonogrammes en France).
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Anne-Laure Bucelle
05/06/08 Une nouvelle voix à la trompette

Encore peu connu en France, l'italien Giovanni Falzone est sans doute l'un des trompetistes les plus originaux que l'on puisse entendre aujourd'hui en Europe. Là où beaucoup restent enfermés dans l'héritage de Miles, cet ancien de l'Orchestre de la Scalla de Milan a su trouver une voie éminemment personnelle, où son tempérament explosif se traduit par toute une gamme d'effets expressionnistes qui confèrent à son jeu une puissante expressivité. Giovanni était en concert hier soir au Sunside, pour présenter son nouvel album en duo avec le pianiste français Bruno Angellini. L'osmose entre les deux hommes était parfaite, pour une musique embrassant un large spectre allant de la ballade aux morceaux les plus déjantés. Etant descendu au Sunset durant la pause, j'ai pu constater que le jeune sextet INAMA (primé lors du festival Saint-Germain-des-Prés 2007) était toujours aussi exceptionnel...
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Pascal Rozat
NEA Jazz Masters 2009


George Benson, Jimmy Cobb, Lee Konitz, Toots Thielemans, Rudy Van Gelder et Snooky Young ont été récompensés du prix NEA (National Endowment for the Arts) Jazz Master Award 2009, remis par la Dotation Nationale Américaine pour les Arts.
Les six lauréats se verront attribuer une récompense de 25.000 dollars chaun et seront honorés publiquement lors d'une cérémonie au Jazz at Lincoln Center de New York, le 17 octobre 2008. Au cours de la soirée, l'orchestre de Wynton Marsalis dédiera son programme aux oeuvres des lauréats.
"Le prix est remis à ces artistes qui, par leur impact et leur excellence, contribuent à la préservation de l'esprit de la musique jazz", indique le communiqué de la Dotation Nationale Américaine pour les Arts.
Le prix NEA Jazz Master Award existe depuis 1982. La liste des lauréats est établie parmi une série de noms soumise par le public. De nombreux artistes légendaires l'ont reçu, tels Ella Fitzgerald, Dizzy Gillespie, Lionel Hampton ou encore Miles Davis.
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Anne-Laure Bucelle
03/06/08 Licenciements chez EMI Music France
Dans un communiqué daté du 23 mai, EMI Music France a annoncé son projet de réorganisation "face à l’aggravation du marché de la musique en France". Au total, 21 postes sur un effectif de 231, soit 9 % de la masse salariale sera supprimée. Une décision liée à "une forte baisse de la demande résultant de l'aggravation du marché français de la musique". La société indique que 2007 est "l'année de la plus forte baisse du marché depuis 2002".
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Anne-Laure Bucelle
02/06/08 Se faire la tête au LP

Le sleeveface, qu’est-ce que c’est ? C’est la nouvelle lubie du Net, inventée par quelques "vinyl freaks" qui jouent à se mettre en scène à partir de pochettes de 33 tours de leur collection. Le principe : incarner dans la réalité l’image illustrant un disque, ajouter les jambes et les bras qu’a fait disparaître le cadrage, donner un corps au portrait qui illustre la pochette en respectant la composition originale de l’image, prolonger les lignes tout en restant anonyme, la tête soigneusement cachée par le carré cartonné du LP. Exemple ci-dessus avec un disque de Bobbi Humphrey transformée en flûtiste à balais. Spécialiste de la vente de disques d’occasion, le site français CDandLP lance un concours de "sleeface" au mois de juin avec des bons d’achat à la clé pour les plus doués. A vos vinyles !
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Vincent Bessières
Tatum au Duc !

Mercredi 4 juin à 18h : le débat public (accès libre) de Jazzman sera consacré à une singulière entreprise visant à nous faire écouter Art Tatum sur un piano… d'aujourd'hui ! Écoute en avant-première donc, en compagnie de Ludovic de Preissac et de trois journalistes de Jazzman. Vos grains de sel et vos oreilles affutées sont les bienvenus. Résultat du pugilat dans notre numéro de juillet.
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Alex Dutilh
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