28/09/09 Jon Hendricks au Duc des Lombards

Jon et Aria Hendricks, New York, Décembre 2005.
Photo : Anne Legrand
Ce jeudi 1er et vendredi 2 octobre, Jon Hendricks qui vient de fêter ses 88 ans le 16 septembre dernier, sera la vedette du Duc des Lombards ! Il présente un nouveau trio vocal avec sa fille Aria et Kevin Burke, le "Lambert, Hendricks and Ross Redux". Il sera accompagné par son pianiste et son guitariste américains : Ray Gallon et Paul Meyers. La rythmique sera complétée par le contrebassiste Raphäel Dever et le batteur Andrea Michelutti.
Le vendredi, à 19h00 un documentaire réalisé par Audrey Lasbleiz sur le père du "vocalese" sera présenté avant les concerts.
Ce documentaire sera de nouveau projeté au cinéma Le Balzac, ce dimanche 4 octobre en présence de Jon Hendricks et de son autre fille, Michele.
Dépêcher vous de réserver avant qu'il ne soit trop tard!
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Anne Legrand
07/09/09 Mare e Miniere, mémoire et Improvisation

©p.freeman
La musique sarde, traditionnelle et nouvelle, est depuis longtemps bien présente dans des nombreuses productions collectives et projets personnels des jazzmen insulaires. Lors du festival "Mare e Miniere" (qui réalise un important travail de diffusion culturelle dans la région minière du sud-ouest), nous allions à la rencontre des deux des plus remarquables musiciens sardes : Luigi Lai et Elena Ledda.
Il y a trente ans, Ornette Coleman (introduit par Marcello Melis) fut émerveillé par la virtuosité du joueur de launeddas Luigi Lai, et l’invita par la suite à une série de concerts mémorables. Depuis, Lai n’a de cesse de se produire avec des musiciens italiens de divers genres et styles. Cette fois, dans un beau décor de ruines archéologiques au port de Sant Antioco, le maestro d’une longue dynastie de solistes de l’ancienne flûte sarde, se joignit au quartet toscane Harmonia Ensemble. Pour la présentation du suggestif projet Dieci Danze Erotiche Eretiche. Un beau travail de recherche qui trouve ses racines dans les danses érotiques de l’Antiquité méditerranéenne, récréées à la Renaissance et condamnées par son supposé caractère hérétique. Lai brilla par sa formidable maîtrise du souffle, sa puissance d’exécution et son infatigable capacité d’improvisation.

©p.freeman
Elena Ledda est la chanteuse sarde la plus sollicitée des jazzmen italiens. Hormis des excellentes collaborations avec Paolo Fresu (Sonos e Memoria et Ethnografie), Furio di Castri ou Antonello Salis, plus récemment elle développe une fructueuse association avec la pianiste Rita Marcotulli. Interprète très versatile, au sommet de son art vocal, Ledda participa à un nouveau projet du mandoliniste Mauro Palmas, créé à la localité de Gonessa, inspiré de la migration sarde vers l’Argentine au début du vingtième siècle. Une rencontre imaginaire entre musique nouvelle sarde, tango lunfardo et mélodies andines, mises en relation par un fin travail d’écriture, et truffée de séquences improvisées reliant jazz et milonga.
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Francisco Cruz
05/09/09 Nuoro Jazz (3)

Il y a eu le concert original préparé par tous les musiciens enseignants du Séminaire de Jazz à la maison d’Antonio Gramsci, à Ghilarza; les concerts de la belle chanteuse Pina Muroni avec le SAM et le Circumstances quartet, à la Piazza Funtanna Manna d’Onani; la visite inattendue de Gianluigi Trovesi et la rencontre d’Omar Sosa avec les Tenores d’Oniferi au Santuario San Casino. Et pourtant.

L’expérience la plus forte de tout le festival, par sa condition extra-musicale et son poids émotionnel, ce fut le concert en trio de Franco Cerri (g), Enrico Intra (p) et Marco Viaggi (b) avec Paolo Fresu en guest, à l’intérieur de la prison de haute sécurité de Nuoro. Dans la chapelle de l'établissement carcéral, entourés de dizaines de gardiens et en présence du maire de la ville, de la directrice des prisons et des hauts responsables de la gendarmerie, une centaine de détenus ont bénéficié de l'occasion d’assister à un concert de jazz, rarissime événement dans l’univers carcéral. Intra et Cerri, deux figures tutélaires du jazz italien, ont proposé un programme standard avec des compositions d’Ellington, Gershwin et Armstrong, auquel s’est joint le trompettiste sur un air de blues acclamé par l’auditoire. Pour le salut de fin, la gorge un peu serrée, les musiciens applaudirent ceux qui, après avoir écouté dans un silence confondant, retournaient derrière les grilles de leurs cellules ; tandis que les musiciens et nous allions vers le soleil extérieur.
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Francisco Cruz
03/09/09 Nuoro Jazz (2)

©pfreeman
Retour à la maison Deledda pour assister aux retrouvailles des frères les plus jazz de la Sardaigne : Bebo et Massimo Ferra. Tous deux guitaristes, Bebo nettement plus éclectique que Massimo, ils présentèrent un programme résolument acoustique et original (des thèmes aux noms de vins sardes), mettant en évidence autant leurs qualités d’instrumentistes que celles de compositeurs. Après une association de jeunesse, et complices de la première heure de Paolo Fresu, les frères Ferra développèrent des vies musicales en dehors (Bebo) et à l’intérieur (Massimo) de la Sardaigne. Vingt ans plus tard, ils se retrouvent pour enregistrer en famille et initier une nouvelle phase de leur vie artistique.

©pfreeman
Après un magistral master class où il donna son interprétation de l’évolution historique du jazz, jalonné d’épisodes de sa propre vie de jazzman, le pianiste Franco D’Andrea offrit un concert en quartet, sorte de prolongement de son enseignement; une véritable master session.
Les thèmes, pour la plupart originaux et d’un apparent classicisme, furent l’objet de déconstructions à divers niveaux, notamment par le piano et le saxophone sopranino (Andrea Ayassot), tandis que la basse (Aldo Mella) joua davantage sur le plan mélodique et la batterie Zeno De Rossi) sur la coloration et les atmosphères. Du swing au free, du bop à la fusion, c’est l’histoire du jazz qui défila sur scène avec une simplicité trompeuse. Ne rejouant jamais le thème de la même façon, D’Andrea composait en direct cherchant à se surprendre, utilisant les 88 touches du clavier, des introductions denses et développements à l’architecture mouvante, préférant aux soli des alternances de plans au sens collectif. Une leçon particulière.
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Francisco Cruz
28/08/09 Nuoro Jazz (1)

kiddo
Evénement insolite pour l’ouverture de la XXI édition du festival. On joua sur scène les seules compositions écrites par Chet Baker lors d’un séjour dans une prison italienne. Condamné par possession de drogue, le trompettiste y avait composé des thèmes et les avait offerts à un codétenu qui, à son tour, les donna à un ami pianiste classique. Après un parcours de trente ans dans le silence, elles tombèrent dans les mains d’un autre jeune pianiste qui les montra à son professeur musicologue Luca Bragalini. Ensuite l’affaire s’emballe. Bragalini contacte le pianiste Mauro Grossi (il avait collaboré avec Baker) qui réalise des arrangements et sollicite le soutien du trompettiste Paolo Fresu ; ils montent un quartet de jazz, invitent le quatuor de cordes Alborada et présentent ces inédits de Baker sur scène, à Piacenza puis à Nuoro. Belle histoire nommée Let’s Get Found celle de ces inédits dédiés à Claudia et aux autres femmes que Chet aimait à l’époque. Sur la scène du Cortile Casa Deledda (l’ancienne maison de l’écrivain Grazia Deledda, prix nobel de littérature) la trompette de Fresu fut la protagoniste principale évoquant, avec une sensibilité extrême la figure de Baker, si importante pour le musicien sarde dans sa dimension lyrique et romantique. Accompagnée cette fois par le piano de Grossi, la batterie de Stefano Bagnoli et la basse de Riccardo Fioravanti. Le Alborada String Quartet reprit service le lendemain, à la Casa Cabras de Orosei, une ancienne maison patricienne datant du VI siècle. Sous l’ombre de grenadiers, le quatuor interpréta, avec une élégance particulière, des compositions de Diederik Wissels et Paolo Fresu (mais aussi de Philip Glass et Arvo Part) dans un registre proche de la musique contemporaine.






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Francisco Cruz
26/08/09 Time in Sassari (2)

Inconnu à peine un an plus tôt, c’est en Italie où l’on retrouve désormais Ibrahim Malouf. Son disque Diasporas fit forte impression et après Bergamo c’est à Sassari qui se présenta le trompettiste d’origine libanaise. Cette fois, en compagnie de l’excellent percussionniste Bijan Chemirani (fils du maître iranien Djamchid). Plusieurs mondes réunis dans sa singulière trompette aux quarts de ton, classique et populaire moyen-oriental, classique européen, jazz, pop et électronique, l’insaisissable Malouf offrit une très belle prestation; introspective, profonde, aux abords d’une méditation. Comme un voyage dans la mémoire, émouvant, joyeux dans l’échange avec son partenaire, et une offrande salutaire pour ceux qui veulent bien l’entendre.

Impressionné par Malouf, le public le serait aussi avec Luca Aquino et Raffaele Casarano. Trompettiste et saxophoniste férus de musique électronique, que Paolo Fresu annonça comme l’un des jeunes duos les plus prometteurs du jazz italien. Leur projet bicéphale, en parallèle aux formations personnelles, s’inspire tant de Freddy Hubbard que de Nils Petter Molvaer, de Dave Liebman et Trygve Seim, et en peu de temps a vécu une importante évolution dans le traitement et la mise en jeu de la matière sonore. Fans des grooves impétueux et rythmiques aléatoires, les deux musiciens enchaînent disques en leader et des concerts en duo qui se multiplient à une vitesse inattendue. La séance de clôture de Sassari confirma les qualités du renouveau sarde en matière de jazz : au sein de l’Orchestra Jazz della Sardegna on retrouva des nombreux jeunes solistes, dont la pianiste Silvia Cordas, les trompettistes Giovanni Sanna et Antonio Meloni et l’accordéoniste Graziano Solinas. Ils brillèrent particulièrement dans l’exécution du Concerto Grosso L’Eccezione e La Regola préparé pour l’occasion par le maestro Bruno Tommaso

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Francisco Cruz
25/08/09 Time in Sassari (1)

p.freeman
Prolongement du séminal Time in Jazz de Berchidda, les séances de Sassari sont l’occasion de découvrir en Sardaigne des jeunes musiciens et des nouvelles tendances du jazz européen. Répartis entre Osilo, Ittireddu, et divers espaces de Sassari, afin de partager la musique avec des populations éloignées des centres culturels. Ainsi, dans un asile psychiatrique eut lieu le concert de la harpiste électrique Marcella Carboni et la chanteuse Elisabetta Antonini. Une intense expérience artistique et humaine car, parmi le public il était difficile de distinguer les patients internés des autres. Fort de leur expérience dans la musique contemporaine, électronique, pop et jazz, le duo joua un programme éclectique, passant de Coltrane à Jobim, de Wheeler à Oregon ; pour finir avec une excellente version de Tutu de Miles, sur les paroles écrites par Cassandra Wilson (the babe crie and the soldier prepares to die). Une belle complicité qui mit en relief la dextérité épatante de la harpiste, sur des arrangements assez complexes, et la ductilité d’une voix très communicative.

p.freeman
Tard dans la nuit, c’est la trompettiste Airelle Besson qui joua les enchanteresses. Privée de la compagnie de Sylvain Rifflet (malade), mais toujours avec la complicité des autres Rockingchair, la belle impressionna par la qualité du son, les variations très nuancées de son jeu et l’intelligence de ses arrangements. Inclassable par l’amplitude des influences et la structure variable du répertoire, surprenant par la dynamique, l’équilibre formel entre écriture et improvisation, et la circulation fluide des idées musicales, le quintet de la Besson s’affirme (sur les traces de Kartet) comme l’une des nouvelles formations françaises les plus appréciées à l’étranger. Le public enthousiasmé achetant son disque à la fin du concert en était la meilleure preuve.

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Francisco Cruz
17/08/09 Time in Jazz (Acqua4)

pfreeman
Un programme inspiré et consacré à l’eau, c’est aussi une occasion d’échange de points de vue (devant deux mille spectateurs) autour de la pénurie et le gaspillage du précieux élément. Dans cette perspective, une journée consacrée à l’Afrique résulta évidente ; et personne ne pouvait mieux représenter le continent que la chanteuse béninoise Angélique Kidjo. Spectaculaire sur scène et engagée dans ses propos, elle offrit un concert plein, irrésistiblement dansant et de très bonne facture musicale. Improvisant un chœur de centaines de spectateurs sur scène, la Kidjo cassa tous les protocoles et gagna une ovation très méritée. Reconnaissance qui se répéta le lendemain dans le jardin de l’église de San Michele, lors d’un récital acoustique avec Paolo Fresu en guest.

En fin d’après-midi, on était dans la magique enclave de San Nicola de Caranna, Luras, devant le bleu indigo d’un lac et sous l’ombre d’un olivier par deux fois millénaire. Après une émouvante évocation poétique des émigrants africains qui meurent en mer intentant gagner l’Europe (faite par l’écrivain Pierpaolo Piludu), on assista à la rencontre inédite des guitaristes Roberto Cecchetto (découvert en France avec Rava) et Eivind Aarset. Ce fut un dialogue improvisé extrêmement subtil et fluide, une surprenante connexion musicale sur un registre onirique, par moments presque méditatif, à peine altérée par des transitions bruitistes d’une grande délicatesse et concision. Fondée sur un sens remarquable de l’écoute et une profusion d’idées aussi riche que le jeu d’exploration de sons (chacun muni des unités de traitement multi effets), la prestation de Aarset et Cecchetto restera comme l’un des plus beaux instants musicaux de cette année ; un voyage dans une autre dimension, par-delà la technologie et la nature.
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Francisco Cruz
16/08/09 Rashied Ali (1935-2009)

Le dernier batteur de John Coltrane, Rashied Ali, est décédé mercredi 12 août d'une crise cardiaque. Né un 1er juillet 1935, il avait 76 ans. C'est sur les conseils de Sunny Murray que Coltrane l'avait embauché après que cet élève de Philly Joe Jones se soit fait remarquer auprès de Pharoah Sanders, Don Cherry, Paul Bley, Archie Shepp ou Albert Ayler. Après la disparition de Trane, il avait travaillé notamment avec David Murray, James Blood Ulmer, William Parker, Charles Gayle ou Ravi Coltrane. Il était de la trinité des grands batteurs free, avec Sunny Murray et Milford Graves. De 1973 à 79, à l'apogée de la "loft generation", il avait dirigé son propre club à Manhattan, Ali's Alley. Son label Survival Records était par contre toujours en activité. Ainsi, "Judgment Day, Vol 2" de son quintet actuel venait d'être couvert d'éloges par Howard Mandell.
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Alex Dutilh
Les Paul (1915-2009)

Il venait d'avoir 94 ans et faisait toujours le show du lundi soir (deux sets) à l'Iridium new-yorkais. Avec une insolente joie de vivre et une gourmandise intacte à tenir sa guitare dans ses bras. Les Paul s'est éteint le 13 août à l'hôpital de White Plains, dans la banlieue nord de New York, des suites d'une sévère pneumonie.
Entamée dans les années 30, sa carrière fut celle d'un pionnier. Après avoir épousé la chanteuse Mary Ford, avec laquelle il monta un célébrissime duo, il inventa en 1952 la guitare "solid body" qui allait porter son nom et faire la fortune du luthier Gibson. Ses shows quotidiens à la radio ou à la télévision allaient définitivement populariser l'instrument, l'amener à accompagner des vocalistes de toutes les esthétiques et le transformer en légende vivante. Aucun guitariste électrique sur la planète qui ne lui soit aujourd'hui redevable. Son humour intarissable et son authentique fantaisie nous étaient aussi précieux…
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Alex Dutilh
15/08/09 Time in Jazz (Acqua3)
La Scandinavie, où l’eau est si présente dans tous les domaines de l’art, s’expose largement à Time in Jazz. Après Garbarek, les musiciens suédois Jan Lundgren et Lars Danielsson, proposèrent des projets personnels (le trio Mare Nostrum pour le pianiste, le duo avec Tony Overwater pour le bassiste), puis ils furent associés au choeur polyphonique Santa Maria delli Angeli, à Ozieri. En prime, Lundgren offrit un magnifique récital en solo, dans le parc de la Fonti di Rinaggiu à Tempio. À midi, sous les arbres, il interpréta des compositions personnelles intercalées de thèmes de Monk, de Jarrett et du folklore suédois. Avant de conclure au troisième rappel par un saisissant duo avec Fresu.

De son côté, le guitariste norvégien Eivind Aarset rencontra des musiciens italiens et proposa un projet inédit avec son trio nordique. Soudain, la Piazza del Popolo fut envahie par un trip rock-jazz saturé d’électronique. L’expérimentation sonore est le principe d’un jeu d’improvisations interactives extrêmement nuancées, à la fois spatiales et incisives, propulsées par une rythmique très sophistiquée et entraînante. Devant une projection d’images non-figuratives, Aarset emplit la nuit d’une musique complexe et séduisante, héritière de Miles et de Zappa autant que de Pink Floyd, jouant toujours dans une quasi-pénombre très suggestive, le visage couvert par ses longs cheveux blonds : apprécié par les jeunes femmes, déploré par les photographes…
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Francisco Cruz
12/08/09 Time in Jazz (Acqua2)

©Kiddo
C’était le matin au village de Pattada. Sur le parvis de l’église San Giovanni, devant le regard épaté des villageois et les acclamations enthousiasmées des amateurs venus de toute l’Italie et au-delà, la rencontre entre Paolo Fresu et Gianluca Petrella a tenu toutes ses promesses. Audacieuse dans la profusion des idées musicales développées dans l’improvisation la plus totale, la prestation de ce duo de souffleurs férus d’électronique a confirmé leur évidente complicité musicale et une compréhension technique commune. Longues séquences d’improvisation décalée, phrasés à l’unisson, jeux poly-rythmiques, questions-réponses, effets électroniques (radio samplée, distorsions des voix, boucles) et acoustiques (recherche de résonances harmoniques à l’intérieur de l’église, divers objets métalliques, grelots)… Fresu et Petrella déployèrent une vaste panoplie de ressources stylistiques et formelles, pour faire jaillir leur imagination jusqu’aux limites du délire sonore.

©kiddo

Le soir, pour sa première présentation à Berchidda, Jan Garbarek était en compagnie de son nouveau quartet : Rainer Bruninghaus le fidèle complice aux claviers, Trilok Gurtu aux percussions et le bassiste à découvrir Yuri Daniel. Concert généreux (plus de deux heures !) pour passer en revue le répertoire d’un nouvel album annoncé pour septembre. Des reprises acclamées par le public qui chanta la mélodie de Voy Cantando, une version superbe de Milagre dos Peixes (de Milton Nascimento), suivie d’une plongée dans la magie de Dance for Everyone (de Shankar), Living Magic (de Trilok) et Magico (de Gismonti) ; comme une évocation heureuse et sans nostalgie d’un temps à la créativité débridée. Le groove inusable de Gurtu est le principal support pour Daniel, qui arrive par moments à faire oublier l’absence d'Eberhard Weber. Garbarek, plus souriant que d’habitude, se montra particulièrement motivé et encouragea ostensiblement les mongs solos de ses complices. Seul regret : que Bruninghaus ne joue pas davantage du piano acoustique. Pour le reste, une musique qui coulait de source.
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Francisco Cruz
11/08/09 Time in Jazz (Acqua1)

© P, Freeman
Sous influence écologique, l’original festival de Berchidda prend une tournure "élémentaire"… Avant l’air, la terre et le feu pour les années à venir, l’eau était le thème de la programmation 2009 concoctée par Paolo Fresu. Ouverture conséquente, à l’heure du petit-déjeuner, avec Peter Waters au bord du lac Nunzia. Entouré de libellules aux couleurs vives et accompagné par un subtil chœur de grenouilles, le pianiste offrit un beau programme qui réunissait Fauré et Jobim. Une randonnée au sommet du mont Limbara servit d’interlude avant d’arriver dans une clairière au cœur de la forêt, pour une performance du poète sarde Gavino Ledda en compagnie de Fresu. La parole invoquant le principe de l’univers et l’importance de l’eau dans la création et l’évolution de la vie sur terre, fut accompagnée et commentée, par la trompette traitée avec des effets électroniques. Des boucles hypnotiques samplées en temps réel, le souffle comme analogie de l’élan vital, et une danse de papillons orangés pour clore un concert amplifié à l’énergie solaire.

© P, Freeman
Le soleil brillait en fin d’après-midi lorsque Gianluca Petrella présenta son projet Trombonefish dans la piscine communale. Un spectacle solitaire entièrement improvisé, qui mit à l’épreuve la créativité du tromboniste. Jouant au bord de l’eau, dans l’eau, et avec l’eau circulant à l’intérieur des coulisses. Avec beaucoup d’imagination et d’humour, il utilisa des instruments transformés pour l’occasion, le trombone déstructuré pour tirer des sons de chacune des parties, et une panoplie d’accessoires (bouée, jouets flottants, palmes pour marquer le rythme). Invoquant l’esprit du blues et la saeta, s’appuyant sur des esquisses mélodiques connues, Petrella produit un spectacle expérimental fascinant dans sa recherche sonore et sa fluidité. Climat aquatique parfait.
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Francisco Cruz
04/08/09 Fano Jazz by the Sea (5)

©rossetti
Après une incursion aux allures expérimentales du trompettiste Cuong Vu, invité du très intéressant trio Wasabi, et le plus mauvais concert jamais entendu du trio Coryell-De Francesco-Mouzon, on était convié à soigner des blessures auditives avec le quintet d’Enrico Rava. Le public de la Corte Malatestiana fut d’emblée étonné par un démarrage extrêmement lent ; l’installation d’un climat quasi rituel pour la démarcation de l’espace sonore, dans lequel eurent lieu des conversations confidentielles (de trompette à trombone) suivies de longs et très beaux soliloques de Gianluca Petrella. Particulièrement inspiré ce soir, le tromboniste suscita une écoute très attentive sous le regard manifestement admiratif du leader (qui voulait être tromboniste !).

©rossetti
Un voyage lointain au bord des inflexions inouïes échappées des pistons et coulisses d’un trombone qui fascine par la fluidité de son discours. Bourré d’idées nouvelles, saturé de nuances et porté par une époustouflante maîtrise du souffle… Le quintet ? Plutôt d’un duo de solistes accompagnés d’une section rythmique, car l’intérêt du discours retombe lors du silence des souffleurs. Le programme fut entrecoupé d’intermezzos ludiques, très rythmiques, où le pianiste se lâcha (dansant assis il faillit tomber…) et la basse s’éveilla à coup de slap. L’humour léger qui circulait entre Rava et Petrella était particulièrement apprécié par l’auditoire féminin, quand soudain le ton monta de quelques degrés et une sorte de folie s’empara de la scène. Rava capitula et Petrella se lança à la chasse des figures sonores impensables, pour revenir plus tard repêcher le groupe et finir dans une ambiance assez rock and roll. Le public explosa. Arrivederci Fano !
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Francisco Cruz
30/07/09 Fano Jazz by the Sea (4)

©Rossetti
Les chemins qui mènent au jazz sont insoupçonnés tant les dessins de la déesse musique sont impénétrables. Un enfant qui danse le joropo ou un joueur de harpe folklorique en Colombie ne se prévoit pas forcément jazzman. Mais la migration, de Bogota à New York, a mis le jeune harpiste Edmar Castaneda sur le chemin improvisé qui mène du pajarillo au jazz ; et d’un restaurant typique de barrio latino aux concerts avec Paquito D’Rivera et John Scofield, d’un style fusion joropo-jazz aux compositions plus sophistiquées, de son groupe (avec le concours de la chanteuse colombienne Andrea Tierra) à ses premières tournées européennes. D’abord en Italie, à Umbria Jazz, puis à Fano.
Impressionnant de maîtrise et d’imagination, débordant de sympathie et bourré de talent, Castaneda conquit d’emblée public, critiques… et musiciens d’autres formations ! Une harpe dans le jazz, on pensait indéfectiblement (sur un autre registre) à Zeena Parkins. Désormais, on pensera aussi à Edmar Castaneda.

©Rossetti
Après le colombien ce fut le tour du tunisien Dhafer Youssef, oudiste installé en Europe depuis une dizaine d’années (Vienne puis Paris), qui multiplie rencontres et projets au fil des saisons. Amplement connu en Italie par son association avec Paolo Fresu (duo, puis trio avec Nguyên Lê, ou avec Eivind Aarset), il présenta à Fano un nouveau quartet, avec le batteur Mark Giuliana, Marcin Wasilewski (remplaçant Tigran Hamayan) au piano et Chris Jennings à la contrebasse.
Un nouveau virage vers un traitement acoustique du son. Dans une dynamique où le rythme devient primordial, le jeu de Dhafer se fait plus véloce et métallique, avec des accents funky et un esprit proche du rock. La forte interaction et compréhension intuitive avec Giuliana poussèrent le oud du tunisien vers un terrain d’intensité inhabituel, réservant les interludes vocaux (d’une beauté plus marquée) à des séquences en duo avec le piano. Un jeu de contrastes qui met en relief davantage les qualités vocales et instrumentales de Dhafer Youssef.
Francisco Cruz
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Alex Dutilh
29/07/09 Mort de George Russell

Le compositeur George Russell, pionnier du jazz modal, est mort lundi à Boston, à 86 ans, des suites de la maladie d'Alzheimer.
Il avait débuté sa carrière à la batterie dans l'orchestre de Benny Carter, mais c'est en tant que compositeur - et théoricien du Lydian Concept en 1953 - qu'il se fit d'abord connaitre, en signant en 1947 le fameux Cubana Be / Cubana Bop popularisé par Dizzy Gillespie. Leader et arrangeur d'ensembles innovants et ambitieux, George Russell a magnifiquement exploité la forme concertante pour mettre en valeur des solistes du calibre de Bill Evans, Eric Dolphy ou Jan Garbarek.
Après un séjour de cinq ans en Scandinavie, il se réinstalla aux États-Unis en 1969 et devint un pédagogue exceptionnel au New England Conservatory de Boston, où il avait co-fondé le Jazz Department avec Gunther Schuller. Et c'est sur Label Bleu, en France, qu'il signa ses œuvres significatives des vingt dernières années.
On doit notamment à George Russell l'une des plus sublimes versions qui soient de 'Round Midnight (avec Eric Dolphy en soliste dans "Ezz-thetics" de 1961) et un fascinant "concerto pour la main gauche" (Concerto for Billy the Kid) écrit pour Bill Evans dans la suite "New York New York" de 1959.
Une heure de George Russell ce mercredi soir sur France Musique dans Jazz Été, de 23h à minuit. Écoute différée possible pendant une semaine.
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Alex Dutilh
28/07/09 Fano Jazz by the Sea (3)
Le groove indo-africain

rossetti
Lui n’est pas une surprise. Depuis vingt-cinq ans qu’il sillonne l’Europe et le reste du monde, le percussionniste indien Trilok Gurtu est une figure reconnaissable entre mille par son groove imparable et l’énergie communicative de sa musique. L’Italie fut la première escale occidentale pour le natif de Bombay et, depuis, le public transalpin lui offre le plus fervent des accueils. On l’a constaté dans divers festivals italiens et Fano ne fut pas une exception. Ovation et double rappel pour Gurtu qui présenta son dernier projet –Massical- en compagnie de sa nouvelle formation. Image concrète de sa vision planétaire de la musique, Trilok y convoqua le souffleur australien Phil Drummy, le violoniste italien Carlo Cantini, le bassiste réunionnais Johann Berby, le guitariste hispano-germanique Roland Cabezas ; tous conquis par l’époustouflante maîtrise rythmique du leader et très concentrés pour répondre à ses surprenantes variations.

Le concert fut un trip qui renvoya alternativement aux projets précédents, de Living Magic à African Fantasy, et aux diverses formations que Trilok a fréquenté en compagnie de McLaughlin, Zawinul ou Nana Vasconcelos. Certes, Drummy évoqua Garbarek, et Cabezas les cordes rythmiques de John (et les vocales de Jayadevah), mais le mélange instrumental trouva sur scène un bel équilibre et, malgré certaines ritournelles excessives, Trilok réussit à transmettre aisément sa bonne humeur et sa décontraction festive. Pour clore ces retrouvailles italiennes, ce soir à la Marina dei Cesari la bande et le public communiaient chantant et dansant sur un ancien morceau que Trilok jouait jadis avec le groupe Oregon. Et on les voyait vraiment heureux d’y participer.
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Francisco Cruz
27/07/09 Fano Jazz by the Sea (2)
Charme brésilien sous le signe de Jobim
©rossetti
Les couleurs d’un couché de soleil en fond d’écran et une scène montée sur la mer, le cadre a quelque chose de carioca me susurra-t-elle, le cœur empli de saudade... Des nombreuses all stars brésiliens qui circulent dans les circuits festivaliers, celle qui réunit cet été la chanteuse Maucha Adnet, son batteur de mari Duduka da Fonseca, le guitariste Toninho Horta et le pianiste Helio Alvez, est l’une des plus convaincantes. Jouer Jobim est un privilège, un bonheur, certes, mais aussi un gage qui intéresse davantage les programmateurs européens, et le projet de Fonseca et Horta en bénéficia lors de la tournée qui s’achève à Fano. Ouverture du concert avec Chega de Saudade et clôture ondulante sur Aguas de Março, la boucle paraissait parfaite, et pourtant. Heureusement, le répertoire fut enrichi avec des compositions de Chico Buarque, de Milton Nascimento et, surtout, de Horta, excellent compositeur et musicien admiré par ses pairs (Metheny, Towner), déjà à l’origine du Clube da Esquina, à Minas Gerais, qui a largement contribué à la renommé de Milton.

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Jouant de son expérience aux côtés de Jobim, Maucha donna une interprétation très personnelle aux diverses compositions, tant ses modulations et les changements de tonalité sont étroitement liés à son charme vocal et à sa sensualité toute naturelle. Elle se montra très à l’aise avec le soutien rythmique de Duduka et du pianiste Alvez, un musicien de grand talent presque trop discret mais époustouflant de maîtrise dans l’univers de la bossa nova. Ce projet brésilien, qui pouvait tourner en circuit fermé s’ouvre davantage au jazz avec la participation du saxophoniste Dick Oatts, très inspiré par les harmonies de Jobim, et le bassiste Eddie Gomez qui apporte sa prolifique expérience avec générosité et admirable humilité. Cet all stars, loin d’être une réunion de circonstance, se révéla comme une famille qui se respecte et s’admire sans faux-semblants. La musique en gagne.
Le jazz italien gagne aussi une jeune saxophoniste extrêmement talentueuse nommée Carla Marciano. Fortement inspirée de l’univers coltranien, Carla fait office d’exception culturelle en Italie, où les femmes instrumentistes ne sont pas nombreuses dans le jazz. A son inspiration et à sa technique de haut niveau, la saxwoman ajoute une force d’interprétation hors du commun qui contraste avec sa fragilité apparente et enthousiasma le public qui la redemanda tard dans la nuit, bien au-delà du programma initial (tiré de ses trois albums). Encore une belle surprise.
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Francisco Cruz
26/07/09 Bourses franco-américaines

Good news ! Les échanges initiés il y a quatre ans par les services culturels new-yorkais de l'Ambassade de France aux États-Unis et la Doris Duke Foundation viennent d'être reconduits pour une période de trois ans.
Sous le nom de FAJE (French American Jazz Exchanges), ils ont jusqu'ici permis à une dizaine de projets par an de se réaliser. La liste des lauréats précédents est explicite…
Il s'agit de bourses permettant à des musiciens américains américains d'inviter des jazzmen français (ou réciproquement) sur un projet concernant les deux côtés de l'Atlantique (que ce soit pour une série de concerts ou pour un enregistrement ou couplant les deux volets).
La prochaine date de limite de dépôt des dossiers est fixée au 23 octobre 2009 pour des projets dont la réalisation est prévue entre le janvier et août 2010.
Contact : Emmanuel.MORLET@diplomatie.gouv.fr
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Alex Dutilh
Fano Jazz by the Sea (1)

rosetti
Tard le soir, au port de Fano, c’est la première et heureuse surprise du festival : le jeune pianiste étasunien Marc Cary et son Focus trio. Originaire de Washington, il présenta un programme fait de compositions personnelles et des reprises d’Abbey Lincoln et d’Hancock, séduisant le public par un jeu fort volubile et une aisance scénique très communicative. Musicien à suivre de près. Quelques heures auparavant, le maestro de latin jazz Eddie Palmieri fit honneur à ses ancêtres florentins, offrant une prestation de grande qualité en compagnie de sa nouvelle Afro-Caribbean Jazz All Stars. Un combo très équilibré, balançant entre l’expérience du trompettiste Brian Lynch et la fougue juvénile du saxophoniste cubain Yosvany Terry. Économe au piano, Palmieri dirigea débout en jouant davantage sur un clavier électrique, dans une ambiance de totale décontraction, échangeant sourires et blagues avec ses complices. Sans dissimuler la satisfaction de pouvoir compter sur la trilogie rythmique Curtis (bass)-Clausell (timbales)-Rivero (congas) qui fonctionne comme un horloge swinguant à volonté et qui entraîna le public à marquer la clave sans aucune difficulté (et avec souplesse !).

rosetti
La versatilité de Terry, dont le discours atteint une riche maturité, après son passage chez Rubalcaba (foncièrement lyrique aux saxophones et exultant de maîtrise polyrythmique avec le chekere), fut l’un des aspects les plus remarqués d’une prestation sans faille. Pour l’ouverture de sa tournée européenne, et avant Paris (New Morning, le 27) et Sète (Fiest’à , le 2 aoüt), le combo de Palmieri fut dans un registre jazz aussi « parfait » que son ancienne orchestre de salsa (La Perfecta).
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Francisco Cruz
23/07/09 Tristes tropiques

Fiers d'avoir publié l'interview d'Édouard Glissant dans le dernier numéro de Jazzman… Mais tristes d'apprendre la disparition hier mercredi 22 juillet, après une longue maladie, du pianiste martiniquais Claude Sommier. Il avait 57 ans. Même pensée sur les racines et leur épanouissement en direction du monde. L'un avec ses mots, l'autre entre les notes.
Au-delà d'un talent de pianiste d'une profonde sensibilité, Claude Sommier était un compositeur amoureux de la mélodie. Il fit œuvre de pionnier en montant le groupe Djoa en un temps - 1985 - où sa synthèse des racines caribéennes et du langage du jazz (il adulait Monk et McCoy Tyner) ouvrit des portes. Ces dernières années, il avait écrit de magnifiques mélodies pour sa compagne, la chanteuse Tangora. Mario Canonge et Alain Jean-Marie ont perdu un frère. Jazzman aussi.
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Alex Dutilh
22/07/09 Neal Caine, contrebassite

Victor Atkins (piano), Neal Caine (contrebasse), Wess Anderson (sax alto), Stephen Riley (sax tenor) et Jason Marsalis (drums). Snug Harbor, New Orleans, Louisiana, 19 juillet 2009. @ Anne Legrand

À La Nouvelle-Orléans, Neal Caine a présenté son Quintette au Snug Harbor ce 19 juillet avec le batteur Jason Marsalis et, ce mardi 21 avec le batteur Herlin Riley, au nouveau club de jazz du trompettiste Irvin Mayfield, dans le Royal Sonesta Hotel, dans Bourbon Street. Ce jeune et talentueux contrebassiste ayant joué avec quelques grands noms du jazz comme Elvin Jones, Betty Carter, Diana Krall, ou encore Wynton Marsalis, se produit notamment avec l'orchestre d'Harry Connick Jr. Entouré également de Wess Anderson (sax alto), Stephen Riley (tenor sax) et Victor Atkins, le contrebassiste a interprété ses merveilleuses compositions qu'il a enregistrées en 2005 pour le label new yorkais, Small Records. Neal Caine est assurément à un artiste à suivre en leader comme en sideman.
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Anne Legrand
18/07/09 Les Instants en danger

Les légendaires Instants Chavirés de Montreuil, hauts lieux des musiques alternatives, sont fragilisés par une baisse des subventions. Leur communiqué est tristement éclairant d'une situation d'abandon programmé de la part du Conseil Général de Seine-Saint-Denis et d'un retrait progressif de la Ville de Montreuil. Une réaction massive du public et des professionnels peut envoyer un signe fort à des décideurs pas forcément correctement informés de l'importance d'un lieu culturel de ce type. Pour soutenir les Instants, une pétition est en ligne. Ayant forgé là quelques-uns de mes goûts musicaux, je signe personnellement des deux mains !
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Alex Dutilh
16/07/09 Pat Metheny sous les pommiers

Événement ! La prochaine tournée mondiale de Pat Metheny débutera à Coutances, en janvier 2010. Le guitariste a en effet choisi Coutances (et Jazz sous les pommiers) pour peaufiner et démarrer la tournée mondiale de son nouveau projet "The Orchestrion Tour" (guitare solo et orchestre électronique).

Il sera en résidence au Théâtre de Coutances du 27 au 31 janvier 2010 et donnera deux concerts, les samedi 30 et dimanche 31. Pat Metheny présentera de nouveaux morceaux et des compositions inédites, tirées de l’album à paraître prochainement.
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Alex Dutilh
Encore des places de concert à gagner

Le Duc des Lombards et Jazzman vous offrent 8 places pour chacun des deux concerts suivants :
le 20/07 à 22h: Sylvia Howard 4tet (jazz vocal)
le 27/07 à 21h : Oscar Marchioni 5tet (boogaloo jazz) avec José Caparros (tp), Jean-Michel Proust (ts), « Jumpin’ » Jeff Hoffman (g), Oscar Marchioni (org) et Michel Denis (dms).
Pour gagner ces places il vous suffit de répondre ainsi : envoyez un email en cliquant ici. Attention ! Seules 8 places seront délivrées par concert ! Si vous êtes l'heureux(se) gagnant(e), vous serez prévenu(e) par retour d'email. Dépêchez-vous, ce genre de swing n'attend pas ! N'oubliez pas de préciser prioritairement le concert qui vous intéresse, nous vous satisferons dans la mesure du possible.
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Jazzman
13/07/09 Porquerolles 2: Randy Weston

Photo: Samuel Thiebaut
Dès le premières notes du piano, avant même l'entrée de la rythmique, la pulsation est là, sous le toucher percussif de Randy Weston, les doigts parallèle aux touches, droits comme des mailloches. L'Afrique est partout dans cette musique: dans les titres des morceaux (African Sunrise, African Lady...), dans les percussions de Neil Clarke, dans les riffs obsessionnels de la basse... Mais au-delà et à travers elle, c'est aussi toute l'histoire de la musique noire américaine qui est ici revisitée. L'ombre de Thelonious Monk et de ses ancêtres stride plane toujours sur le jeu du pianiste, qui affectionne les silences abrupts et les brusques écarts de tessiture. Les furieux solos du conterbassiste Alex Blake, slappant ou grattant son instrument à la manière d'une guitare, évoquent le gembri des gnawa marrocain, mais aussi l'héritage de Jimmy Garrison, et jusqu'au funk le plus contemporain.
L'héritage afro-cubain est présent lui aussi, avec un hommage appuyé à Dizzy et Machito. Un chant incantatoire conclut ce voyage, repris en coeur par le public tout entier. En sortant de scène, Randy retrouva en coulisse un autre géant du jazz, Archie Shepp (photo), qui se produira demain au sein d'un quartet inédit avec Joachim Kühn (p), Diego Imbert (b) et Ramon Lopez (dms).
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Pascal Rozat
Porquerolles 2: Jef Sicard

Photo: Josselin Carré
Il n'y a guère que sur une île que l'on puisse entendre deux soirs de suite des artistes s'exprimant en soufflant dans des coquillages. Après Stéphane Belmondo avant-hier, qui troqua à plusieurs reprises sa trompette pour une conque dont le timbre se mariait admirablement à la flûte traversière de son frère, ce fut au tour de Jef Sicard de donner hier soir au public de Porquerolles une leçon de musique marine, lors d'une mémorable prestation solo. Ces magnifiques instruments naturels ayant une tessiture limitée, Jef en utilise tout un attirail au sein du même morceau, passant des plus gros pour les graves aux plus minuscules pour les aigus. Par la magie des boucles électroniques, il donne ainsi naissance à une étrange danse à la fois envoûtante et tribale, touchante et naïve. Mais c'est finalement au saxophone alto qu'il s'exprima le plus longuement, au cours d'une intervention qui évoquait tant Anthony Braxton que Steve Coleman. Un thème de Randy Weston pour terminer, et Jef passa la main au pianiste afro-américain qui était l'invité de marque de cette soirée.
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Pascal Rozat
15 juillet : direct vidéo de Porquerolles

Avis aux quelque six milliards de terriens qui n'ont pas la chance de se trouver présentement sur l'île de Porquerolles: la direction du festival pense à vous et vous propose de revivre la manifestation à distance, grâce à une vidéo quotidienne mise en ligne sur Arte Live Web, le nouveau site dédié au spectacle vivant de la chaîne franco-allemande. Vous pouvez d'ores et déjà y découvrir un premier clip retraçant le passage des frères Belmondo (essayez la fonction plein écran, vous verrez que la définition est excellente). Mais surtout, ne ratez pas le concert du Brass Ecstasy de Dave Douglas, qui sera retransmis intégralement et en direct mercredi 15 juillet à 21h. Ce soir-là, il ne vous manquera plus que la brise marine pour vous croire véritablement au festival...
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Pascal Rozat
12/07/09 Porquerolles 1: les frères Belmondo

Photo: Olivier Baus
Il y a mille bonnes raisons de venir à Porquerolles : le climat méditerranéen, les paysages enchanteurs et préservés du Parc national, la mer limpide, sans oublier le vin du cru (à consommer avec modération, cela va sans dire). Ajoutez-y le festival de jazz qui s'y tient jusqu'au 16 juillet, et l'île varoise devient véritablement la "section terrestre du paradis", comme aimait à le dire Simenon. Dans le cadre majestueux et pourtant intimiste du fort Saint-Agathe, cette manifestation présidée depuis 2002 par Frank Cassenti reçoit chaque année des musiciens venus du monde entier. Hier, pourtant, la scène accueillait deux régionaux de l'étape : les frères Belmondo, natifs de Hyères. Un retour au bercail, donc, à la tête d'un quintet parfaitement rôdé : Laurent Fickelson (piano), Thomas Bramerie (impérial à la contrebasse) et Olivier Robin (batterie, en remplacement du Dré Pallemaerts originellement annoncé). Cinq musiciens qui ont su conquérir le public avec leur jazz modal explosif, nourri à la sève des sixties. Les Belmondo n'ont peut-être pas inventé la poudre, mais en bons artificiers du swing, il savent faire jaillir des étincelles à chacune de leurs prestations, tout en laissant un large espace d'expression à leur partenaires, appelés chacun leur tour à déployer leur talent dans un solo intégral.
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Pascal Rozat
10/07/09 Places de concert à gagner !


Le Duc des Lombards et Jazzman vous offrent 8 places pour chacun des trois concerts suivants :

Le 15/07 à 22h : Michel SARDABY Trio
Michel SARDABY (p), Wayne DOCKERY (b), John BESTCH (dms)
Pianiste remarqué dès les années 50, on le retrouve comme leader ou accompagnateur aux côtés de Kenny Clarke, Dexter Gordon, Dizzy Gillespie, Bill Coleman, Johnny Griffin, Clark Terry, Dee Dee Bridgewater, Art Farmer, Philly Joe Jones…Celui qui a participé à rendre le jazz légendaire a à cœur de le rendre plus que jamais populaire. Venez en être les témoins !

Le 20/07 à 22h: Sylvia HOWARD 4tet (Vocal Jazz)
Belle, envoûtante, émouvante, nourrie très tôt de blues et de gospel, Sylvia
Howard célèbre les grandes figures du jazz vocal (plus particulièrement
Billie Holiday, Shirley Horn, Carmen McRae, Sarah Vaughan ou Dinah
Washington), à travers le prisme de son humour et de sa vitalité. Un
envoûtement !

27/07 à 21h : Oscar MARCHIONI 5tet (Boogaloo Jazz)
José CAPARROS (tp), Jean-Michel PROUST (ts), « Jumpin’ » Jeff HOFFMAN (g),
Oscar MARCHIONI (org), Michel DENIS (dms)
Au cœur des années 60, le Boogaloo a relancé la machine à succès du label
Blue Note. Musique de la joie, du plaisir partagé, de la danse, marquée par
le son de l’orgue Hammond B3, ces disques sont parmi les plus samplés des
générations actuelles. Il est temps de les réactualiser sur scène.

Pour gagner ces places il vous suffit de répondre ainsi : envoyez un email en cliquant ici Attention ! Seules 8 places seront délivrées par concert ! Si vous êtes l'heureux(se) gagnant(e), vous serez prévenu(e) par retour d'email. Dépêchez-vous, ce genre de swing n'attend pas ! N'oubliez pas de préciser prioritairement le concert qui vous intéresse, nous vous satisferons dans la mesure du possible.
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Jazzman
Les Victoires du public

Pour la première fois, les Victoires du jazz, manifestation oh combien nécessaire dans le désert télévisuel hexagonal (si l'on excepte la chaine Mezzo et des incursions dans le One Shot Not de Manu Katché sur Arte), organisent un "Prix du public".
Comment ça marche ? Par un vote sur Internet (cliquez simplement sur ce lien) ouvert du mercredi 8 juillet au dimanche 9 août à minuit. Pendant plus d’un mois, les internautes sont invités à découvrir les nommés des Victoires du Jazz 2009 (texte, photo et un extrait audio en streaming) sur le site internet des Victoires de la Musique et à en choisir un parmi la liste des nommés – après avoir complètement rempli le formulaire d’inscription tout en acceptant les conditions. Sera déclaré lauréat du « Prix du Public » l’artiste qui aura recueilli le plus de voix. La fameuse sagesse populaire est entre vos mains…
L'enregistrement de la cérémonie aura lieu le mardi 1er septembre à la Cité de la musique à Paris, dans le cadre du festival Jazz à la Villette. Présentation par Sébastien Vidal et Isabelle Giordano (photo). Diffusion le vendredi 4 septembre sur France 3 (très tard, faut pas rêver) et dimanche 6 septembre sur France Inter.
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Alex Dutilh
07/07/09 Montréal 7/7 : 3+3=5

22H, Théâtre Maisonneuve. Troisième volet des aventures montréalaises de Joshua Redman. "Compass" sur scène. Autrement dit le double trio avec Larry Grenadier et Reuben Rogers (b), Brian Blade et Greg Hutchinson (dms). Toutes les combinaisons possibles, un esprit de camaraderie constant, chacun encourageant les autres s'il sortait de scène pour un titre. Lorsque juste avant les rappels Joshua annonça une relecture du Time Of The Barracuda de Gil Evans dans l'album "The Individualism", pour le solo qu'y prend Wayne Shorter, on craint de revivre le coup de "Kind of Blue". C'est l'inverse qui se produisit : une implacable modernité transcendant la révérence. Résultant d'un vrai point de vue, d'une distance amoureuse : deux batteurs pour évoquer le seul Elvin Jones, deux bassistes parce qu'ils sont six à être présents sur l'album… Joshua, qui alterna superbement soprano et ténor, réalisait là le clou de sa série montréalaise.
Un concert enthousiaste, des idées à foison, une maitrise instrumentale impressionante et deux véritables dream teams pour la rythmique. La texture du son global était d'une densité toujours en mouvement, grondante, bruissante, précise, délicate quand il le fallait, tumultueuse à d'autres instants. Joshua là dessus comme un étalon chevauchant l'écume des vagues.
Parfait point d'orgue pour mon dernier concert de la 30ème édition du festival. À bientôt pour de nouvelles aventures.
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Alex Dutilh
Montréal 7/7 : Anat et les garçons

©Todd Chalfant
21H à l'Astral (300 places), le nouveau club, installé au rez-de-chaussée de la Maison du Festival. Après son coup d'éclat de l'an passé, Anat Cohen, la jeune clarinettiste israélienne installée à New York revient avec un nouveau quartet : Gilad Hekselman (g), Joe Martin (b) et le fidèle Daniel Freedman (dms). Et cette fois, oublié le sax ténor, clarinette toute ! Une approche de l'instrument loin des pratiques européennes. On pense à la fluidité de Buddy DeFranco, à l'originalité de Don Byron, à quelques accents de Dave Tarras, un son venu des jeunes années classiques. Mais par dessus tout, on a affaire à un phrasé résolument original, imprévisible, parfaitement en place, ignorant les codes de bonne conduite du jazz pour se lâcher avec beaucoup d'intuition dans le flux collectif.
Ouverture sur Jitterburg Waltz, clôture sur le choro One Zero. Entre temps, des compositions des récents albums, un Body and Soul insolite et gonflé, joliment gai et un original du jeune guitariste israélien récemment installé à NYC (The Bucket Kicker) prévu pour un album à venir. Frais, personnel, parfois encore vert, mais tellement vivant, vibrant souvent, que l'on se rassurait illico sur les lendemains du jazz. Après la musique en conserve périmée du remake de "Kind of Blue", ça nettoyait les oreilles. Et le cerveau.
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Alex Dutilh
Montréal 7/7 : Kind of Crap

20H, Théâtre Jean-Duceppe. Dans la série d'hommage à Miles Davis, le batteur Jimmy Cobb (photo), seul survivant des séances de l'album culte, présentait un "Remembering Kind of Blue". Dans le rôle de Miles, Wallace Roney (tp) ; dans ceux de Coltrane et Cannonball, Javon Jackson (ts) et Vincent Herring (as) ; dans celui de Bill Evans ou Wynton Kelly, Larry Willis (p) et dans celui de Paul Chambers, John Webber (b). Le résultat ? Pitoyable. Probablement perdu d'avance à partir du moment où il s'agissait de rejouer les morceaux de l'album dans le même ordre et avec les arrangements d'époque. La comparaison est terrible pour les saxophonistes, même pour Wallace Roney, à la ramasse pour Blue in Green. Seul Larry Willis s'en sort car prenant le parti d'oublier les pianistes d'il y a 50 ans.
Au final, l'impression très désagréable qu'on vous a cassé votre jouet, qu'on a manipulé votre mémoire affective pour vous faire avaler une pilule avec du vinaigre. Miles qui ne regardait jamais en arrière a dû hurler de sa voix cassée là où il se trouve…
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Alex Dutilh
06/07/09 Montréal 6/7 : arrivé cinquième

21H30, Théâtre Maisonneuve. Plein de saxophonistes dnas la salle. Branford Marsalis vient présenter le répertoire de "Metamorphosen", avec Joey Calderazzo (p) et Eric Revis (b), mais sans Jeff "Tain"Watts, remplacé par un gamin embauché depuis 2 mois, Justin Faulkner (dms). Déçus ? Oui, mais pas par le jeune batteur, qui sauva le concert d'un ennui poli. Par l'absence de fièvre de Branford ce jour-là. En sortant du "match" Joshua-Lovano et de la prestation de David Sanchez, le constat s'imposait. Rien à redire sur le niveau de jeu, mais sur la qualité d'implication. Il fallut une ballade où Branford prit le soprano sur une composition du pianiste pour qu'il commence à livrer un peu d'émotion. Dans un festival comme Montréal, bien jouer ne suffit pas, c'est le service minimum. La différence se fait sur la manière de défaire la ceinture de se jeter dans la musique et de raconter une histoire. Question de générosité.
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Alex Dutilh
Montréal 6/7 : le ténor de Werner

©Denis Alix
20H, Théâtre Jean-Duceppe. Le concert dont il ne fallait pas partir, quitte à rater le trio du très prometteur Gerald Clayton (ce fut mon cas). Kenny Werner présentait son 5tet de luxe : Randy Brecker (tp), David Sanchez (ts), Scott Colley (b) et Antonio Sanchez (dms). Sérieux clients, même si le trompettiste fut assez inégal. Entame avec une paire de compositions extraites de "Lawn Chair Society". Alambiquées, le nez dans les partitions : on se dit que c'est mal barré, encore un coup à épater les collègues. C'est alors que le concert bascule : une longue introduction en piano solo à Unvovered Heart. Kenny totalement à nu. Une mélodie d'une beauté poignante. Comme si le pianiste confiait une tragédie personnelle et jouait pour sublimer un chagrin inconsolable. Le quintet le rejoint sur la pointe des pieds, David Sanchez se hausse au diapason, un son de ténor d'une infinie douceur, modelé, précis, l'envers de l'esbroufe. Sur le Balloons qui suit, il se montrera plus véhément, maginifiquement poussé dans ses retranchements par la finesse du drumming de son homonyme et le drive de Scott Colley. Le concert n'allait plus quitter cette hauteur et un fonctionnement télépathique entre les musiciens. On en sortait à reculons, conscient d'une musique "vraie", habitée, mise à nu.
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Alex Dutilh
Montréal 6/7 : troisième ténor

19H, Salle Wilfrid-Pelletier. Molly Johnson pour chauffer la salle, venue en voisine de Toronto, jouant la proximité sympathique, sans direction artistique évidente et avec une formation plan-plan.
Changement de calibre en seconde partie, avec Al Jarreau au beau milieu d'un fatras de sons synthétiques datés dont il n'arrive décidément pas à se débarrasser. Voix de ténor culbutant dans l"aigu ou plongeant dans le grave, imitations d'instruments, swing naturel, talent d'amuseur… Lorsque le chanteur a interrogé la salle pour s'apercevoir que 80% du public le voyait pour la première fois, il a sorti toute la panoplie qui a fait sa carrière. Rien de neuf sous le soleil, mais un vrai entertainer, un poil cabotin et une voix caméléon à poser des colles de "faisabilité" aux profs de chant.
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Alex Dutilh
05/07/09 Montréal 6/7 : Joshua et son maître

18H, Gesù. Second des trois rendez-vous de la carte blanche à Joshua Redman. La veille, il avait présenté un très excitant 4tet avec Aaron Parks, Matt Penman et Eric Harland sur un répertoire original. Séance studio à venir… Ce 5 juillet, pour la première fois trois compagnons de longue date du saxophoniste, mais sur des projets différents, étaient rassemblés : Sam Yahel (piano acoustique, pour changer), Reuben Rogers (b) et Greg Hutchinson (dms). Et pour compléter le tableau, un second ténor, Joe Lovano. L'influence principale de Joshua, selon ses propres déclarations et donc un sacré défi ("ça va me botter le cul" prévint Joshua). Au programme, un florilège de grands compositeurs du patrimoine (Booker Little, Ornette Coleman, Wayne Shorter, Lennie Tristano… ) arrangés pour deux ténors, une poignée d'originaux et un morceau de bravoure, Blues Up and Down, jadis magnifié par un face à face entre Sonny Stitt et Gene Ammons.
L'invitation amicale à Joe Lovano, plus parrain impérial que jamais, donné évidemment lieu à des escarmouches à ténor moucheté. On pensait très fort à la rencontre entre Rollins et Hawkins : léger avantage au plus jeune, pour une tension plus forte dans son jeu ; sans que l'ancien ne renonce un instant à sa couronne. Sur un tapis rythmique ultra stimulant de Rogers et Hutchinson (Sam Yahel très économe laissait un maximum d'espace), les deux ténors s'écoutaient et s'échangeaient des chases avec beaucoup de respect dans le regard.
Un vrai bras de fer à l'ancienne chauffant le public à blanc. La competicion, comme disent les aficionados… Avec le jazz comme gagnant.
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Alex Dutilh
Montréal 5/7 : Brillant Blade

©JF Leblanc
Une soirée qui prolonge les plaisirs. 23H au Gesù, le batteur Brian Blade et son Fellowship Band. Deux sax (Myron Walden, as et b-cl et Melvin Butler, passionant ténor), Christopher Thomas à la contrebasse et John Cowherd au piano et à l'harmonium. Des compositions à tiroir, hyper-mélodiques. Un investissement total des musiciens dans un projet où le blues sert de fil conducteur et la liberté rythmique de rampe de lancement. Musique moite, chargée de feeling, avec des arrangements chatoyants pour les deux souffleurs qui s'achèvera au rappel sur une berceuse de "l'ami" Daniel Lanois. Spectaculaire pour l'œil, intériorisée pour l'oreille, totalement émotionnante, enracinée et prospective : un manifeste à signer sur le champ !
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Alex Dutilh
Montréal 5/7 : Miles from India

©Denis Alix
21H30. Évènement au Théâtre Maisonneuve. Le coup d'envoi d'une série consacrée à évoquer Miles Davis. Miles from India. Un fantasme réalisé sans le moindre contre sens. Le projet initié par le producteur Bob Belden sur la manière dont l'univers modal de Miles et celui de la musique indienne peuvent se faire écho est devenu réalité scénique. Avec un casting renouvelé par rapport au double album publié par Four Quarters Entertainment. C'est Nicholas Payton qui joue le rôle de l'icône, vétu de noir, chapeau assorti vissé sur la tête. Deux saxes, Bill Evans côté Miles et Rudresh Mahanthappa côté Inde ; deux claviers, Robert Irving III et John Beasley ; la basse grondante de Darryl Jones ; trois batteries occupant le fond de scène avec Lenny White, Ndugu Chancler et Vince Milburn ; et une ligne droite des pupitres indiens, des tablas de Badal Roy à la mandoline de U. Shrivinas en passant par la flûte de V.K. Raman et la khanjira et la voix de Selva Ganesh, le sitar de Hidayat Khan et le mridangam d'Anantha Krishnan.
Groove et volume sonore faisant chavirer la salle comme aux plus beaux jours de "Bitches Brew" lorsque tout le monde joue ensemble comme dans Miles Runs The Voodoo Now, mais plutôt formules à géométrie variable pour All Blues, So What ou Jean-Pierre… Ça balance, ça jubile, ça tourne en rond, ça jaillit, Rudresh et Bill Evans se tirent la bourre, les "passagers" des anciennes formations rajeunissent de quart d'heure en quart d'heure… Bref, l'esprit des concerts du grand sorcier planait de manière très perceptible. Pari réussi.
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Alex Dutilh
Montréal 5/7 : Take 50 !

©Denis Alix
19H30. Le grand jeu à nouveau dans l'immense Salle Wilfrid-Pelletier. Dave Brubeck, 88 ans, est invité à célébrer le cinquantenaire de l'album "Time Out". Le 4tet d'aujourd'hui : Bobby Militello (as, fl), Michael Moore (b) et Randy Jones (dms). Depuis son infection virale au printemps, Dave Brubeck ne prend plus l'avion. La mini tournée d'été se fait par la route. À l'ancienne, en bus, certes aménagé ! Un gros souci familial en début de semaine a failli provoquer l'annulation du concert et a surtout empêché le quartet de répéter le programme intégral de "Time Out" comme c'était prévu.
Peu importe, on a eu droit à une leçon de jazz. L'auteur de "The Duke" a commencé par rendre hommage à Ellington. Take the A Train, Mood Indigo… Sous nos yeux et nos oreilles, une filiation tout à coup évidente, passant aussi par Monk, dans la famille restreinte des pianistes "percussifs". Avant de passer à ses propres compositions, Brubeck nous gratifia d'une éblouissante introduction à Over The Rainbow (grand Militello à la flûte). Une pensée musicale limpide, élaguée de tout superflu: un pianiste manifestement compositeur pour qui la question de la forme est prioritaire. Il ne faut pas écouter son piano pour les nuances de toucher, mais pour la pure beauté des lignes. Et là, on a affaire à un maître. C'est avec Three To Get Ready que le leader entama le florilège de son répertoire. Take Five allait évidemment conclure.
Entre temps, Dave avait invité son fils Matthew Brubeck, violoncelliste en vogue au sein de plein de productions pop daujourd'hui, à rejoindre le groupe pour interpréter The Sermon on the Mountain. Passage de témoin ? Sur les gros plans de la télévision canadienne qui filmait le concert, le pianiste semblait fatigué. Il a tenu aussi à nous dire où jouaient ses trois autres fils ce soir-là. Et ses regards de papa poule sur le talent de Matthew revivifiant Take Five en version quintet en disaient long.
Enfin, ceux qui découvraient le saxophone de Mike Militello, biberonné au bebop, ont écarquillé les oreilles devant la maitrise du garçon à la silhouette d'ortolan. Comme son patron, un sens de la construction des solos d'une logique imparable. Comme son prédécesseur Paul Desmond, une expressivité maximale dans les nuances. En prime, il transpire le blues. Pas un leader, mais quel interprète !
Pas de rappel, mais un cadeau offert sur scène à Dave Brubeck par Alain Simard, président du festival et André Ménard, vice-président et directeur artistique : un portrait de Louis Armstrong signé par Tony Bennett. Le pianiste a accompagné les deux et rappelé que Louis fut le plus extraordinaire "real ambassador" que les États-Unis aient jamais eu. Comme la veille avec Tony Bennett, l'Histoire était encore en train de défiler sous nos yeux. Ça, c'est Montréal…
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Alex Dutilh
Montréal 5/7 : Susie en son jardin

©Denis Alix
18H, Théâtre Maisonneuve, Susie Arioli, voix voilée et caisse claire, entourée des fidèles Jordan Officer (g) et Wilham John Gossage (b). Ses poignets font monter la mayonnaise du swing avec les balais de sa caisse claire, la couleur vocale évoque le voile transparent de la jeune Helen Merrill, les chansons sont celle de la mémoire collective des standards, avec de brèves incursions sur la country. C'est le trio en lui-même qui impressionne, l'économie de moyens du virtuose Jordan Officer, ne haussant jamais le ton mais livrant des chorus d'un goût exquis, laissant place à la respiration, distillant les notes justes. Idem pour le contrebassiste à l'ancienne, grand ours aux doigts implacables. Entre ses deux boys, jonglant avec un franglais espiègle pour présenter ses titres, Susie Arioli a un tout petit peu de mal à occuper la très grande scène. Présenté au Théâtre du Nouveau Monde, le trio aurait probablement trouvé meilleur écrin, plus adapté à sa géométrie dans l'espace. Son parfait. L'art - si difficile - de faire simple.
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Alex Dutilh
04/07/09 Montréal 4/7 : Lee et les gamins

Gesu, 23H, Lee Konitz & Mimsarah. Drôle de contraste après le 4tet extraverti de Wayne Shorter. Konitz joue en gants blancs (sic) des lignes fuguées ; le trio americano-israelo-allemand joue du bout des doigts, retenant sans cesse la bride. Ensemble délibérément introverti et un contraste aussi saisissant qu'en son temps Eric Dolphy face à Misha Mengelberg, Jacques Schols et un Han Bennink débutant, sage et insolite à la fois. Konitz semble surpris d'autant de discrétion feutrée à ses côtés. Un ensemble décalé, un peu lunaire, appelant une fraîcheur d'écoute.
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Alex Dutilh
Montréal 4/7 : Wayne inédit

Théâtre Maisonneuve, 21H30. Décollage vertical. 45 minutes d'un seul trait incandescent. Sorcerer entre les lignes, jamais totalement explicité. Wayne Shorter au seul ténor planant au-dessus du volcan d'un quartet inédit : Danilo Perez s'étant fracturé le talon d'achille, c'est Geoff Keezer qui le remplace au piano. Cinglant. Investi. Provoquant. Zébrant l'air de phrases courtes comme autant de coup de fouets. Totalement inspiré par l'abstraction lyrique du leader. John Patitucci d'une fluidité et d'une réactivité constantes - quel bassiste idéal il ferait pour relancer le trio de Keith Jarrett - pour boursoufler le tissu collectif. Et un Brian Blade plus explosif que jamais récupérant dix fois sa grosse caisse glissant vers l'avant sous les coups de butoir.
Au soprano sur les 45 minutes suivantes, Wayne Shorter flottait littéralement au-dessus d'une longue suite au motif mélodique et rythmique obsédant, constamment réitéré par un piano délibérément percussif, une contrebasse discontinue et une batterie annonçant la fin des temps. Un jeu sur la matière, l'énergie, la transe, la violence. Le ténor étant le seul à s'affranchir de la partition, la possédant manifestement par cœur. Lui, imprivisible comme l'air, jubilant des traits de lave qui jaillissaient à ses côtés, malicieux avec chacun des trois pour les encourager à se jeter là à corps perdu.
En rappel, quasiment 30 minutes où Wayne utilisa brièvement le soprano et surtout le ténor pour un sommet de free jazz. Mais avec une telle intensité, un tel engagement, que la standing ovation fut au diapason de Brian Blade jaillissant de son tabouret à la verticale : 1500 spectateurs en état de choc se soulevant comme autant de diables de leur boite. Hallucinés.
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Alex Dutilh
Montréal 4/7 : Le ténor

19H30, Salle Wilfrid-Pelletier remplie jusqu'aux vestiaires et aux poubelles de tri sélectif. Photographes en transes. 90% des spectateurs venus en couple. Moyenne d'âge nettement plus élevée que pour Erik Truffaz… C'est le Tony Bennett show ! Sa fille d'abord, pour chanter trois standards grappillés dans la discothèque paternelle. Tout à fait honorable. Quartet du même type que celui de Madeleine Peyroux : piano (Lee Musiker), guitare (Gray Sargent), contrebasse (Marshall Wood) et batterie (Harold Jones). Ceux-là distillent les notes avec parcimonie, ne transpirent jamais, mais sont absolument parfaits. En 90 minutes, Tony Bennett, raconte sa vie. Une histoire vraie sur chaque titre, de l'origine de son nom de scène à sa vie familiale d'aujourd'hui. Bouleversant d'humanité, d'amour de la musique et des musiciens, drôle, charmeur à la Cary Grant, sans jamais forcer le trait.
Et totalement renversant sur le plan vocal et musical : une mise en place de rêve ; des accentuations inattendues dont on comprend que Bill Evans les adorait ; des envolées en lâchant la note comme Rollins peut "envoyer" au ténor d'une seconde à l'autre ; une justesse jamais prise en défaut, y compris quand il envoie tout balader, micro et accompagnateurs pour balancer un standard a cappela dans l'acoustique naturelle de la salle de 3000 personnes. En prime, une gestuelle de monstre sacré hollywoodien des années où, comme lui ce soir, on mettait une pochette rouge à son smoking noir. Dizzy considérait Tony Bennett comme le plus grand chanteur de jazz de l'Histoire. Tout sauf une provocation.
Sur l'échelle de Richter des poils dressés sur les bras au cours d'un même concert, j'ai fait exploser le record…
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Alex Dutilh
Montréal 4/7 : La Madeleine

©Marina Chavez
18h, Théâtre Maisonneuve. Madeleine Peyroux se souvient de la chanson française (La Javanaise, J'ai deux amours…), interprètée avec beaucoup de musicalité et un vrai regard jazz. Après un autre clin d'œil, à Bob Dylan cette fois, on mesure alors à quel point ses propres chansons ont de la tenue, qui ne dépareillent pas dans ce voisinage. Quartet parfait de sobriété à ses côtés, grande élégance des chorus du pianiste Gary Versace et l'impression que la chanteuse prend enfin du plaisir en scène. Voix bien timbrée, très juste, bel engagement dans les textes, à défaut d'être une chanteuse de jazz orthodoxe, Madeleine est une très solide interprète de chansons. Un grand pas en avant de celle qui a longtemps semblé embarrassée de se retrouver sur les planches. Depuis sa première apparition ici en 1997, une véritable mue, y compris sur la construction du spectacle et sa cohérence. Aujourd'hui, il s'agissait d'histoires d'amour qui finissent mal… et cautérisent les plaies des spectateurs.
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Alex Dutilh
03/07/09 Montréal 3/7 : espérance

Esperanza Spalding@Denis Alix
Dur atterissage après l'escale de Mexico. Dans a foulée, le trompettiste Chris Botti se produisait avec son quintet et un orchestre symphonique sur l'immense scène de la Salle Wilfid-Pelletier. Plus kitsch, tu meurs. La réunion de Georges Jouvin et Paul Mauriat: technique parfaite, musique vaine. Le point de non retour fut atteint par une reprise du Flamenco Sketches de Miles. Une seule solution pour préserver sa santé auditive, fuir. Sauf que ce fut pour la soupe servie par le sextet grossier du saxophoniste nippon Sadao Watanabe occupant la scène du Théâtre Jean-Duceppe (750 places). Quelques traces de bebop à l'alto, un soprano couinant et surtout un pianiste prenant ses claviers comme un instrument de musculation, un bassiste approximatif, un guitariste alignant les clichés… Même avec diplôme de sauvetage, l'excellent percussioniste africain n'y pouvait mais.

Fin de soirée très attendue au Gesù avec la jeune prodige Esperanza Spalding et son fidèle quartet : Leonardo Genovese (p), Ricardo Vogt (g), et Otis Brown (dms). Impression mitigée. Parce que si elle doit (plutôt bien) chanter, la très jolie contrebassiste de poche doit donc avoir des chansons ; or sauf lorsqu'elle se livre à des reprises de Nina Simone ou du répertoire brésilien, ses titres sont mélodiquement faibles. Ensuite parce que les arrangements touffus laissent souvent à désirer : c'est lorsqu'elle se retrouve en tête à tête avec le piano, la guitare ou la batterie qu'elle est enfin mise en valeur. Reste une belle présence scénique et la conviction d'une artiste en devenir. Mais encore verte.
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Alex Dutilh
Montréal 3/7 : less is more

Erik Truffaz©Victor Diaz Lamich
Journée faible, ce 2 juillet pour la programmation, sauf pour ceux qui ont eu la chance d'écouter un très tonique Chucho Valdès, selon les commentaires à la sortie. Et sauf une formidable entame à l'altitude de Mexico par Erik Truffaz. Après "Bénarès" et avant "Paris", le trompettiste présentait le second de ses trois rendez-vous au Gesù, reconstituant le parcours de son récent triple album. Le tablaiste Talvin Singh avait été annoncé pour épauler les programmations de Murcof. Empêché de se rendre à Montréal, il a été remplacé au pied levé par Apurba Mukherjee, présent la veille. Loin de constituer un handicap, cet imprompt a donné au concert un supplément de spontanéité, de fraicheur musicale, Apurba commentant ou intervenant dans un rapport d'écoute intense. Encore plus que dans l'album, la qualité de sensualité des programmations de Murcof se répand dans l'espace. Pulsations inventives, ludiques, sons hyper acoustiques, harmonies chaudes : le programmeur et compositeur mexicain tisse un tapis volant pour le trompettiste. Erik jubilait, toujours au plus près des mélodies, distillant un son magnifiquement contrôlé en courtes séquences, provoquant des boucles, rejetant la sourdine, clignant des yeux sur les polyrythmies des tablas. Entre électro et acoustique, des mondes parallèles réconciliées; entre la mémoire des grands maîtres indiens, celle de Miles et Jon Hassel et les explorations technologiques du mexicain, un voyage simultané dans le temps et dans l'espace. La synthèse parfaite du Truffaz d'aujourd'hui. Minimaliste, onirique, intériorisé: tout pour l'émotion. Énorme triomphe public, rappel en osmose.
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Alex Dutilh
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